Pourquoi un naufragé "honnête homme" ?

                       "Le premier signe de l'ignorance, c'est de présumer que l'on sait"  (Baltasar Gracian)

Cette page est destinée à donner quelques éclaircissements sur la création d'une nouvelle rubrique : le naufragé "honnête homme".
Qu'est-ce-qu'un "honnête homme" et pourquoi le naufragé du RER A que je suis, éprouve-t-il le besoin d'ouvrir cette rubrique ?


La définition de l'Encyclopédie Larousse :
"Honnête homme, homme du monde accompli, d'un esprit cultivé mais exempt de pédantisme, agréable et distingué tant dans son aspect physique que dans ses manières, idéal de l'époque classique (XVIIe-XVIIIe s.).
Déjà présent chez Montaigne, la figure de l'honnête homme prit son expression définitive dans les œuvres classiques de la seconde moitié du XVIIe s. Il représentait l'idéal d'une société éprise d'ordre et d'équilibre, influencée par le cartésianisme, à l'époque de l'absolutisme monarchique et du classicisme. Doué d'intelligence, mais aussi de courage et de générosité, l'honnête homme devait rester maître de lui-même, ne pas faire étalage de son savoir et se conformer aux bienséances. Dans son Honnête Homme ou l'Art de plaire à la cour (1630), qui s'inspire du Courtisan (1528) de B. Castiglione, N. Faret en brosse le portrait exemplaire : l'homme de cour cherche à gagner la faveur d'un prince et le sert, manifeste de la prudence, est à la fois galant et élégant. Parmi les autres théoriciens de l'« honnêteté », citons Guez de Balzac ou encore le chevalier de Méré (De la conversation, 1677)."
 La Pérouse :
J'ai choisi comme nom d'auteur pour ce blog, le nom de La Pérouse pour une raison évidente. Il fut un grand explorateur, admirateur de Cook, il ne termina pas assassiné comme ce dernier mais il disparut à bord de son vaisseau La Boussole au cours d'un naufrage en compagnie de l'Astrolabe. Périt-il dans le naufrage ou survécut-il un temps, toujours est-il que l'on perd sa trace en 1788, il faudra attendre les années 2000 pour retrouver les épaves.
Un petit ouvrage tout récent intitulé "La Pérouse" d'Anne Pons et parut chez Gallimard-Folio, le décrit de mon point de vue et somme toute avec ses faiblesses et les préjugés de son temps et de sa caste, comme une sorte "d'honnête homme".
Parti avec sa lettre de mission qui lui commandait de réaliser notamment dans un but scientifique, une circumnavigation, il s'efforcera de la mener à bien, telle que son maître, Louis le seizième lui avait fixée. Qui sait si là d'où il est, Monsieur La Pérouse ne préfère finalement pas avoir quitté ce monde en honnête homme plutôt que dans la peau de "l'homme révolutionnaire" qui naîtra un an plus tard et qui aura celle de son roi.
Les préjugés de son temps étaient-ils pires que le sectarisme et le fanatisme de la tempête révolutionnaire qui balaiera son ancien monde comme la tempête naturelle qui l'engloutira ? Initiatrice de tous les totalitarismes du 20ème siècle, peut-être que Monsieur de La Pérouse a pu mourir avec ses illusions de "siècle des Lumières" en évitant cette tempête humaine.
 J'observe que dans la littérature mondiale deux ouvrages célèbres mettant en scène des naufragés, ont marqué leur temps et le nôtre encore et qu'ils furent l'occasion de réfléchir et de disserter sur la nature humaine, la différence des us et coutumes, l'état de nos mœurs et la conception de la Cité : Daniel Defoe avec son "Robinson Crusoe" et Jonathan Swift avec ses "voyages de Gulliver".


Alors moi, bien modeste naufragé du RER A, observateur d'un microcosme tout relatif mais formidable révélateur de notre société et de notre temps, ayant prévenu à maintes reprises le lecteur que ce blog serait aussi pour le naufragé l'opportunité de révéler ses rêveries, fantasmes et méditations favorisés par les heures de transport, je ne m'interdis pas à mon tour de rentrer dans cette arène "politique" au sens grec du terme.


Seulement je veux le faire, si possible, en "honnête homme" avec tout ce que cela impose. C'est pourquoi j'avais d'abord décidé  de dédier un blog sur ce sujet dans le grand quotidien "le Monde", me disant qu'avec un titre pareil correspondant à mon projet d'explorateur même forcé d'un univers pas si petit que cela, je m'y trouverais à mon aise et en bonne compagnie.
Las, je me suis aperçu que "le Monde" s'apparentait bien souvent au "tout petit monde" décrit par David Lodge avec son inimitable humour décapant. Avec une meilleure plume, certes, j'y ai retrouvé, les pédants et les cuistres dignes descendants des Diafoirus et autres Tartuffe de mon vénéré maître Molière. je me suis dit alors pourquoi me rajouter à cette longue liste !
Je demeure envers et contre tout, fidèle lecteur de ce grand journal. S'il comporte beaucoup d'articles de verroterie comme ceux que La Pérouse distribuait aux "sauvages" qu'il croisait lors de ses escales, on y trouve tout de même quelques perles (au bon sens du terme) dignes d'être mirées par un honnête homme.
Mais finalement point de blog référencé sur "le Monde", je préfère converser avec moi-même et peut-être quelques autres sur le mien, tout narcissique et étriqué qu'il soit, outre qu'il m'occupe déjà suffisamment bien.


Je suis bien conscient que même la citation que j'ai placée en exergue de cette page ne me protège pas d'une certaine prétention. Je vois bien que que l'on peut me rapprocher de la fable de La Fontaine, "la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf". Je sens bien qu'en référence toujours de ce cher Molière, l'une des plus belles incarnations de notre "génie" français avec Montaigne, Descartes et Voltaire, j'oscille en permanence dangereusement entre son Bourgeois Gentilhomme et son Alceste, mais...

Mais comme dit dans "Certains l'aiment chaud", le milliardaire Osgood amoureux de Jerry alias Daphné, lorsque ce dernier ôte sa perruque de travesti : "Well...Nobody's perfect !".

Deezer : Enzo Enzo, Juste quelqu'un de bien