lundi 29 août 2011

Lundi 29 août 2011 - On prend les mêmes et on recommence...

Le naufragé du RER A repris le collier le 22 août sans avoir durant toute cette semaine passée, à signaler d'incidents particuliers.
Ce fut un long fleuve tranquille, pas trop de monde, des trains à l'heure et souvent des rames climatisées. Le soleil "rimbaldien", nous en avons trouvé mais sans doute pas de quoi se "brûler". Il faut dire que nous évitâmes soigneusement la seule région où il fait quasiment toujours beau temps. Éviter la "presse" du RER A pour la retrouver sur les plages de la Méditerranée, ce n'est pas notre tasse de thé mais cela se paye évidemment mais bah !...Un peu de solitude cela compense bien l'absence d'éclat de l'astre azuréen.
Le 22 août reprise du RER A, la veille nous étions encore dans le métro viennois, "luxe, calme et volupté". Le séjour se concluant pour moi à la terrasse du café "Mozart" face à l'Albertina dans une Vienne nocturne, par la dégustation d'un café "Sobiesky" (espresso, miel et vodka).
Aujourd'hui 29 août, il fallait bien un retour à la "normale". Si le matin s'est passé sans problème, si ce n'est naturellement une affluence de rentrée, le soir le RER A a repris sa physionomie normale, car ce qui est la règle à Vienne est l'exception à Paris : des transports en commun en bon état de marche.
Ce soir, informations erratiques ou pas d'informations du tout, 1/2 h de retard et une destination non garantie. Surtout, une compression "césarienne" des grands jours, qui pour le banlieusard dont la tête est encore pleine de souvenirs de grands espaces ou d'espaces urbains dépaysant, a presque quelque chose de rassurant en attendant que la répétition des incidents et la morosité automnale relèguent ces souvenirs et remettent à l'ordre du jour la mauvaise humeur et l'exaspération.
Ce soir, le voyageur écrabouillé mais dont la taille lui permet de surplomber ses voisins, avait encore dans le regard cette lueur indulgente et ce regard presque attendri sur ses contemporains, que l'on peut attendre du philosophe. Demain, ce regard changera déjà et il faudra au voyageur beaucoup de constance pour conserver cette attitude et ne pas considérer avec résignation et lassitude, mépris ou haine, le troupeau dont il fait partie...

lundi 18 juillet 2011

Lundi 18 juillet 2011 - EELV : un naufrage programmé ?

Sans doute parce qu'il ne fait pas trop chaud en ce moment, le naufragé du RER A n'a pas connu de difficultés aujourd'hui. Un temps de cochon qui nous a ainsi évité la "dilatation" des rails et la "fonte" des caténaires et comme ce temps maussade n'a pas dégénéré en un hiver au coeur de l'été comme pour les malheureux cyclistes du col du Galibier, nous évitâmes également les ruptures de lignes dues au gel !
Pas de problèmes donc pour moi, par ailleurs, même avec des horaires d'été allégés, les départs en vacances produisent leur effet et j'ai pu par conséquent voyager assis à l'aller comme au retour et méditer le message d'humeur ci-dessous.

Un éditorial du Nouvelobs.com signé Laurent Joffrin est intitulé "Eva Joly, la naïve inconséquente".
La polémique déclenchée à l'occasion des propos d'Eva Joly sur la suppression du défilé militaire du 14 juillet, relève-t-elle vraiment de sa part de la naïveté et ou de l'inconséquence, s'agit-il au contraire d'une habile opération de communication ?
Il est vrai que les médias, une fois l'affaire DSK repoussée au 1er août sont en manque de sujets croustillants et que les français planqués sous leurs tentes de camping bien arrosées en ce mois de juillet morose et pluvieux, constituent une clientèle captive et réceptive. S'attaquer au 14 juillet surtout dans le contexte particulier du défilé 2011, il fallait le faire, on suggère d'ailleurs à Mme Joly de rééditer son coup d'éclat en fustigeant l'inanité du Tour de France, autre grand évènement saisonnier de ce septième mois de l'année, il lui reste quelques jours.
Les journalistes et autres présentateurs de JT courageux qui aspirent à rejoindre leurs confrères déjà partis depuis longtemps pour leurs demeures de l'arrière-pays provençal et qui pour quelques semaines vont se consacrer à suivre la ligne bleue de leur piscine plutôt que leur stimulante ligne blanche habituelle, doivent sans doute remercier de tout leur cœur, la nouvelle pétroleuse écologique de cette manne estivale inespérée.

Donc, réaction à chaud d'une norvégienne pacifiste dérangée par le bruit des chenilles de char sur les pavés de la Bastille ou bien démarrage diabolique et machiavélique de sa campagne présidentielle 2012 ?
La candidature atypique de Mme Joly interroge, de même que le large soutien des Verts lors des primaires EE-LV. A la trappe Daniel Cohn-Bendit, aux oubliettes de l'histoire (?) Nicolas Hulot mais pour quelle stratégie en définitive ? Le score à deux chiffres (grosso modo 16% pour les Européennes de 2009 et 12% pour les régionales de 2010) semble très peu probable pour 2012. Les 10% espérés en juin 2011 par Nicolas Hulot et Eva Joly relèvent sans doute aujourd'hui (accélération de l'histoire) du doux fantasme, un score au-dessus des 5% seraient déjà miraculeux.
La "machine à perdre" dont on ne sait pas encore si elle a été enclenchée pour le P.S, tourne en tout cas donc à plein régime et sans plus attendre pour EELV. Dès lors la "naïve inconséquence" de Mme Joly prend une tonalité particulière.
La "troisième voie" ouverte en 2009 par Daniel Cohn-Bendit a vécu et mal. Dans notre pays, cette troisième voie est maudite, tous ceux qui ont tenté d'en initier une s'y sont cassés les dents et ont fait naufrage, notre traditionnel clivage Gauche-Droite a décidément la vie dure.
Les femmes et les hommes de conviction (soyons gentils en y incluant les écologistes non sectaires, Bayrou, Royal qui persiste, Borloo et De Villepin) en ont fait ou en feront, à n'en point douter, la triste et amère expérience.
En fait, opportunistes ou non, ces explorateurs naufragés ne sont et ne seront que des supplétifs des grands partis politiques "historiques", à leur corps défendant ou à l'insu de leur plein gré.
Dès lors la "sortie" de Mme Joly peut s'expliquer et loin d'être la conséquence d'une inconséquence, se révéler la tactique d'une femme fort intelligente, bonne connaisseuse de notre histoire politique, tout à rebours de ce que dit François Fillon, et qui entend en quelque sorte sauver ce qui peut encore l'être des "meubles" de 2009.
Le naufragé "honnête homme "du RER A met pour une fois son humeur "d'Alceste" sous son mouchoir en livrant cette hypothèse et en reconnaissant cette intelligence à une femme qu'il n'aime pas.
Toutefois, ce bref élan de générosité et de mansuétude en accordant le bénéfice du doute à Mme Joly, sera rapidement tempéré d'une part par ce que nous savons du sectarisme des Verts qui n'ont rien à voir avec celles et ceux qui, pour une très large part, contribuèrent aux succès d'Europe Ecologie, d'autre part par un contexte européen actuellement peu porteur et une radicalisation du débat politique français qui renforce le clivage traditionnel et risque de laminer les formations qui voudraient en sortir d'une manière ou d'une autre.

Les Verts français constituent une secte au contenu programmatique somme toute assez pauvre pour ne pas dire archaïque. Vraisemblablement, les années 2009-2010 furent traumatisantes pour eux, l'émergence d'un mouvement d'idées plus large à l'initiative de Daniel Cohn-Bendit qui les sortait de leur habituel fonds de commerce anti-nucléaire et les faisait rentrer dans un débat plus global mais aussi moins aisément identifiable en aura perturbé plus d'un. Sur le fond, rien chez les Verts n'a changé depuis leur premier candidat à une élection présidentielle, René Dumont. Selon la célèbre formule " nous n'avons pas de pétrole mais nous avons des idées", les Verts depuis 40 ans assènent le même discours avec une constance admirable et avec des résultats catastrophiques tout aussi constants, entre 1, 3 % et 5, 25 % meilleur résultat en 2002, anus horribilis. Malgré ces résultats, le discours reste identique, les Verts sont satisfaits. Tels les premiers chrétiens ils se réfugient dans leurs catacombes, ils restent entre eux et se contentent de peu. Nous sommes bien, les concernant, dans une optique de mouvement sectaire. Il y a tout lieu de penser que les Verts ne connaîtront cependant pas la destinée de ces premiers chrétiens et l'on se demande ce qu'ils souhaitent construire ou même s'ils souhaitent bâtir quoique ce soit sur cette première pierre des élections de 1974.
Comme le disait Coluche et en le paraphrasant concernant les Verts, "Des idées, tout le monde en a. Souvent les mêmes. Ce qu'il faut, c'est savoir s'en servir." ou encore "Ils ont des idées sur tout, ils ont en fait surtout des idées." Voici un florilège des idées d'EELV, choix naturellement subjectif et orienté, catalogue de bons sentiments, de vœux dont tout le monde se doute qu'ils resteront pieux, de formules creuses, vagues sans qu'à aucun moment ne soient évoqués les moyens de passer de la théorie à la pratique : "Favoriser la baisse du chômage par la réduction générale du temps de travail; Combattre les paradis fiscaux; Supprimer progressivement les dépenses de l’Etat qui vont à l’encontre de la protection de l’environnement; Créer des maisons de l’aide aux devoirs; Transformation du mode de consommation: Diminution drastique du gaspillage; Encadrer le capitalisme et le système financier au niveau Européen et mondial; Liberté et l'égalité de circulation de tous les humains; Au niveau mondial stopper la perte de la biodiversité d’ici 2020; Sortie totale et progressive du Nucléaire; Affirmation d'une politique de Non Violence et de prévention des conflits; Développement d'une agriculture paysanne de qualité et de l'agriculture biologique."
Seule concession à la dure réalité, la sortie "progressive" du nucléaire. Les Verts après avoir surfé quelques jours sur le tsunami Fukushima et exploité politiquement de façon éhontée cette tragédie, se sont rendus compte qu'ils seraient difficiles de vendre à leurs compatriotes en 2012, l'idée qu'ils devraient dans les deux ans produire leur propre électricité en pédalant sur leur bicyclette transformée pour l'occasion en centrale électrique et ce en attendant les lendemains chantants des éoliennes et des panneaux solaires !
Assommés, malmenés par le trublion Cohn-Bendit en 2009, les Verts ont bien vite relevé la tête et s'ils ont changé de masque en troquant les moustaches de Mamère pour les minauderies de Cécile Duflot, le repli identitaire est reparti de plus belle. Le grand mérite de la candidature de Nicolas Hulot aux primaires aura été de servir de révélateur de ce que les Verts peuvent produire de pire en matière de sectarisme, ces primaires, par bien des aspects, relevant plus des procès de Moscou ou des auditions Maccarthystes que d'un processus électif démocratique.
Alors face à ces redoutables procureurs et inquisiteurs en sorcellerie que sont les Verts, il n'est pas certain que la Dame de Scandinavie soit aussi à l'aise que lorsqu'elle faisait trembler les "puissants" dans son cabinet de juge d'instruction. Si son espoir est de dompter la bête, il faut lui souhaiter beaucoup de courage mais dans tous les cas son résultat en 2012 risque de ne pas être à la hauteur de celui qu'elle obtint à l'élection de Miss Norvège 1962.

Mme Joly est députée européenne, en d'autres temps ce mandat aurait sans doute eu des vertus "vendeuses" plus importantes qu'aujourd'hui. Certes, d'ici 2012 de l'eau coulera sous les ponts, le tout étant de savoir, toutefois, dans quel sens elle coulera. L'Europe est-elle à l'aube d'un cruel naufrage dans lequel celui de Mme Joly et celui d'EELV ne seront qu'un épiphénomène ? Difficile à dire. Dans tous les cas, sa qualité de députée européenne risque plutôt d'être contre productive et ne pas peser bien lourd dans ce qui déterminera le choix des français. Une Europe politique en panne et une Europe économique à la peine faute justement de ne pouvoir se tracer un véritable cadre politique pourraient bien amener nos compatriotes à privilégier une autre forme de repli, celui de l'intérieur.
A l'intérieur, ce repli pourrait bien renforcer la radicalisation du débat politique en France. Entre une Gauche sans véritable identité et une Droite de plus en plus "populaire", l'extrémisme constitue-t-il une piste pour qui veut gagner les élections présidentielles de 2012 ou à tout le moins y figurer "honorablement" ? C'est donc peut-être le pari de Mme Joly. Le NPA s'étant définitivement placé de lui-même hors jeu (autre naufrage), restent EELV et le Front de Mélenchon pour illustrer une Gauche non socialiste et gestionnaire de la réalité. La "sortie" du 14 juillet de Mme Joly a donné lieu à un timide rapprochement avec Mélenchon, pourrait-il constituer le prélude à une alliance objective dès le 1er tour pour 2012, permettant à ces deux formations réunies de prétendre à ce fameux score à deux chiffres. Encore faudrait-il que les ego soient rangés au placard pour permettre une telle éventualité. En tout état de cause, il n'est pas impossible que cette sortie "juilletiste" soit une amorce d'une telle stratégie. L'avenir le dira.

Mme Joly prenant conscience de l'inertie des Verts choisira-t-elle cette option, faute de quoi elle sombrera dans le naufrage de cette composante qui paraît bien devoir demeurer la seule d'EELV, les électeurs d'Europe Ecologie ayant déjà, dégoûtés, quitté le navire. Il y a fort à parier que les Verts ont fait déjà leur choix traditionnel, négocier un ou deux portefeuilles ministériels, véritables larbins du PS tout en se donnant bonne conscience et en se drapant dans leur vertu outragée. Est-ce là l'ambition de Mme Joly ? En faisant sa "sortie" sur le 14 juillet, elle a indéniablement "fait" un coup, prenant de court tous ses concurrents à Gauche et même apparemment les militants Verts, à preuve la réaction à retardement de Cécile Duflot.
Mme Joly veut-elle jouer les passionarias de la Gauche bobo et par la bande retrouver les vertus soixante-huitardes d'un Dany le Rouge rangé des voitures ? La réaction excessive voire surréaliste de la Droite populaire que François Fillon d'une manière bien décevante semble vouloir chevaucher allègrement ainsi que celle du FN, ont peut-être été recherchées volontairement. Elles situent ainsi Mme Joly parmi les victimes d'un vichysme rampant et la désignent comme porte-drapeau d'un politiquement incorrect de gauche, brisant les tabous et plaçant la Gauche "traditionnelle" devant un cruel dilemme : suivre et se décrédibiliser auprès des modérés, refuser et laisser le terrain de la contestation même la plus "douce" à Madame Joly.
Piège pour la Gauche mais également piège pour la Droite. François Fillon qui semblait avoir hésité lors des élections cantonales, a cette fois décidé de rompre définitivement toute idée de front républicain. Bien sûr, la "sortie" du 14 juillet permet à la Droite populaire de labourer ce qui est devenue sa terre de prédilection, les plates-bandes du FN, racisme, xénophobie, destruction du lien social au profit d'une véritable politique de classe. Dans le même temps, comme il a déjà été dit dans d'autres messages, cette Droite joue avec un feu bien dangereux pour la Nation mais aussi pour elle. Faire alliance avec le FN semble difficile, ce serait pourtant la solution arrivé à ce point de dérive droitière mais comme pour la Gauche c'est aussi s'aliéner les républicains modérés du Centre et d'une Droite nostalgique des valeurs du gaullisme.

Alors, Madame Joly a-t-elle réussi son premier coup et nous prépare-t-elle d'autres surprises ?
Mais foin de toutes ces supputations, Madame Joly n'est peut-être que la "naïve inconséquente" décrite par Laurent Joffrin. Une naïve touchée par le syndrome DSK, le syndrome de "ceux qui voudraient bien y aller mais qui par inconséquence se mettent dans des situations telles, qu'ils ne peuvent plus y   aller".

Nous verrons…

vendredi 15 juillet 2011

Vendredi 15 juillet 2011 - Lendemain de fête

En ce qui me concerne je travaillais ce jour. Le matin prise d'un train SNCF bourré mais j'étais assis, ce dernier se formant à vide à Maisons-Laffitte. Quant à ce soir, un dîner en famille dans une sympathique  "bodegas" dans le quartier du Marais, métro St-Paul suivi d'une promenade digestive par les quais de Seine, Hôtel de Ville, le Louvre, Cour carrée et Pyramide puis le bus 27 jusqu'à Saint-Lazare et un train sans problème, nous a évité les tribulations du RER que ce soit le A ou le B.
A lire le Parisien comme à consulter le site "IncidentsTransports", bien nous en a pris, car ce lendemain de fête nationale semble avoir été une journée d'intense galère pour les naufragés du RER A ou B, une journée "gueule de bois".
Le pire semble avoir été le lot du B avec une caténaire arrachée et deux heures d'interruption de trafic , la RATP expliquant que cette caténaire s'était affaissée sous l'effet de la chaleur. Certes, ceux qui sont restés bloqués en pleine voie en plein soleil ont dû souffrir mais tout de même si à 26° celsius, les caténaires jouent les montres molles à la Salvador Dali, le réseau des transports transiliens risquent de sombrer dans un surréalisme certainement beaucoup moins artistique que celui du grand peintre espagnol !
 Toutefois, l'actualité politique française aurait dû nous y préparer : surréalisme de la prise de position d'Eva Joly sur la suppression du défilé militaire du 14 juillet (qu'est-ce qui a bien pu lui prendre de dire cela !), surréalisme des réactions xénophobes de la Droite, surréalisme lorsque entre les lignes d'une dépêche d'un organe de presse spécialisé, tout porte à croire que M. Laurent Fabius pourrait exercer de hautes fonctions (Premier Ministre ou sinistre comme disait Coluche ?) dans l'équipe Aubry (Au secours !!!), surréalisme enfin lorsque Martine Aubry s'engage à augmenter comme Présidente de la République, de 50% le budget de la Culture ! Bien sûr ce serait merveilleux ! Certes la Dame Aubry a fait beaucoup dans le domaine dans sa bonne ville de Lille mais franchement dans le genre "demain on rase gratis", on ne peut guère faire mieux ! Les 25 heures et 300 000 emplois jeunes du style "ateliers nationaux" et puis quoi encore ? La retraite à 50 ans, la suppression des impôts etc. ?
Surréalisme que tout cela à Droite comme à Gauche dans des genres différents, aussi surréaliste que les exploits des coureurs du Tour de France, chargés comme des mules mais qui eux au moins offrent du spectacle alors que nos "politiques" ne savent nous servir que dérisoires pantalonnades.
Un week-end bienvenu donc pour oublier tout cela avant que dans quelques jours, le naufragé du RER A puisse se repaître du soleil de Rimbaud, des collines de Giono et de la rumeur des torrents de montagne d'Henri Bosco.

lundi 11 juillet 2011

Lundi 11 juillet 2011 - Une saison en enfer

Ce matin j'ai, contrairement à mon habitude de naufragé "honnête homme", joué courtoisement mais fermement des coudes pour trouver une place assise dans la rame du RER A. La fatigue s'accumule et l'envie de quelques jours de vacances s'accroît. Je me suis plongé dans un bouquin quelque peu hermétique mais c'est le sujet qui veut ça, "Nostradamus, une médecine des âmes à la renaissance" de Denis  Crouzet, professeur à l'Université de Paris IV-Sorbonne. Forte concentration pour goûter l'analyse ainsi que pour préserver ma bulle. A côté de moi, debout, une femme que j'ignore, respire fort et je la sens qui s'appuie contre mon bras. Cela dure deux stations, une place se libère en face de moi. Dieu Merci ! En face de moi. En effet, c'est une "grosse", bourrelets de graisse et sueur âcre. Moi qui hais les gros, je les collectionne décidément ! Vendredi dernier je m'en suis payé une mais malheureusement à côte de moi, cette fois. C'est à peine si je ne me suis pas retrouvé par terre, même si elle ne semblait pas "ogresse" sa masse se répandait malgré elle et les lois de la physique me repoussaient inéluctablement hors de ma place.
Ce soir, je n'ai même pas essayé de rejouer des coudes, la rame était bondée et c'était parfaitement inutile. Paris en cette soirée  s'enfermait dans des voiles de chaleur lourde. Supportable en extérieur mais fort pénible dans la rame du RER A saturée d'une chaleur amplifiée par la foule. Visages ruisselants et éventails improvisés. Stoïque dans mon complet veston avec cravate, j'ai subi avec résignation. A la défense, arrêt de 15 minutes environ avec annonce de la conductrice "malaise de voyageur, s'il y a un médecin parmi vous, prière de me contacter". Je ne suis pas médecin, j'ai donc attendu comme tout le monde en espérant ne pas faire moi aussi un malaise mais en me sentant néanmoins mal à l'aise, je me suis mis à dégouliner, le pantalon collant à la peau et la chemise s'imbibant progressivement.

Vraiment, pour moi l'été dans le RER A c'est une saison en enfer. Compressé, sans même l'envie d'ouvrir mon livre dans cet espace restreint, j'ai préféré encore une fois me concentrer et m'évader par la pensée, un peu comme le héros du film "Brazil" de Terry Gilliam. Torturé, il va s'évader en sombrant dans la folie, fuite radicale que j'aimerais tout de même bien éviter.
Mon évasion a consisté pour moi à me ressasser ces bribes  de vers absolument sublimes d'Arthur Rimbaud sur un soleil et une nature que j'espère pouvoir savourer bientôt dans un environnement moins infernal que celui du naufragé du RER A :

"Le Soleil, le foyer de tendresse et de vie,
Verse l'amour brûlant à la terre ravie,
Et, quand on est couché sur la vallée, on sent
Que la terre est nubile et déborde de sang ;
Que son immense sein, soulevé par une âme,
Est d'amour comme Dieu, de chair comme la femme,
Et qu'il renferme, gros de sève et de rayons,
Le grand fourmillement de tous les embryons !

Et tout croît, et tout monte !
...
Le grand ciel est ouvert ! les mystères sont morts
Devant l'Homme, debout, qui croise ses bras forts
Dans l'immense splendeur de la riche nature !
Il chante... et le bois chante, et le fleuve murmure
Un chant plein de bonheur qui monte vers le jour !...
- C'est la Rédemption ! c'est l'amour ! c'est l'amour !..."


 - Une brise d'amour dans la nuit a passé,
Et, dans les bois sacrés, dans l'horreur des grands arbres,
Majestueusement debout, les sombres Marbres,
Les Dieux, au front desquels le Bouvreuil fait son nid,
- Les Dieux écoutent l'Homme et le Monde infini !"

samedi 9 juillet 2011

Samedi 9 juillet 2011 - SNCF : des retards à craindre avec la modernisation du réseau

 Tandis que le Nouvel Observateur fait état de rumeurs quant à la volonté du Président de la République d'accélérer le processus d'une privatisation du train et des transports en général à l'anglaise, poursuite d'une politique libérale sauvage s'inscrivant dans un cadre européen, le Parisien publie une interview du PDG de la SNCF sur la situation de déréliction de son réseau.

Triste constat et désolant bilan conjugués à une politique contre nature d'une droite française sous influence anglo-saxonne et à une Europe qui faute d'en avoir une  se livre à une fuite en avant dans un délire technocratique. Tout cela amène la France à tourner le dos à son modèle historique. Ce modèle quoiqu'on en veuille est celui d'un pays où l'Etat a un rôle central et où le service public symbole de l'intérêt général pallie les carences d'un patronat archaïque aux conceptions figées dans le 19ème siècle des "maîtres de forges" et d'un syndicalisme quasi inexistant.

Vouloir à toute force appliquer des recettes importées et ne prenant nullement en compte l'histoire d'un pays et sa culture, constitue sans doute ce qui restera un "crime" impardonnable contre notre société de la part de Nicolas Sarkozy et entachera à jamais son action à la tête de la République. Il ne s'agit pas d'être passéiste mais seulement de ne pas sombrer dans cette amnésie dangereuse qui nous conduit à renier et à mépriser ce qui caractérise notre exception française.

Toutefois, les propos du PDG de la SNCF sont très représentatifs d'une nouvelle "trahison des clercs", de la faillite des "élites" qui ont en charge la responsabilité de l'Etat et du service public, Droite et Gauche confondues. Certes, lorsque l'on consent à un tel aveu de faiblesse et que l'on reconnaît l'impéritie qui a présidé aux politiques publiques depuis près de trente ans, on ouvre un boulevard à toutes les dérives du libéralisme.

Ce n'est pas l'Etat en France qui est responsable de notre situation mais ceux qui étaient sensés le diriger et qui ont failli. Un jour, il faudra que la Cour de Justice de la République demande des comptes à ceux qui ont ruiné notre pays et persistent dans leur travail de sape économiquement et moralement.

Comme bien souvent en France, tout cela ne pourra finir que par une révolution mais n'est-il pas déjà trop tard ? Les ressources de notre nation sont telles aujourd'hui que l'on peut très fortement douter qu'elle possède encore le ressort suffisant pour l'accomplir. C'est donc probablement vers un déclin irrémédiable qu'elle prend le chemin...

 Article du Parisien "électronique" publié ce jour.

"Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a prévenu samedi que la modernisation engagée du réseau ferré français pourrait aboutir à des retards de trains "pendant quelques années". 

Les usagers de la SNCF n'ont pas fini de jongler avec les horaires des trains. A en croire Guillaume Pépy, Président de la société, des retards sont à craindre «pendant quelques années» à cause de la modernisation du réseau ferré français. «Ce qui se passe en France, c'est que pendant une certaine période on a privilégié le TGV en laissant vieillir le réseau classique», a déclaré le patron de la SNCF, lors d'un débat dans le cadre des "Rencontres économiques" d'Aix-en-Provence.

«Cette politique aboutit au résultat qu'on a un réseau classique qui n'est plus en l'état», a-t-il poursuivi. Le plan de rénovation a été engagé en conséquence, «qui va durer encore 4 ou 5 ans, et qui représente 13 milliards d'euros». Guillaume Pépy a précisé que les travaux impliqueraient «1.000 chantiers l'année prochaine sur le réseau ferroviaire». Le président de la SNCF met les retards en balance avec ces travaux. «Dire qu'on fera une meilleure régularité avec 1.000 chantiers, ce ne serait pas sincère, donc on va avoir quelques années difficiles mais pour la bonne cause, c'est la rénovation du réseau existant qui en a bien besoin»; 

Guillaume Pepy a par ailleurs évoqué le TGV Lyon-Turin. Le creusement de l'ouvrage principal doit démarrer en 2013 pour une mise en service théorique vers 2023. «Le Lyon-Turin, ça ne sert à rien de raconter que ce sera fait dans 10 ans, c'est une affaire de génération», a précisé le président de la SNCF, citant aussi l'exemple du TGV des métropoles le long de la Côte d'Azur. «En revanche, a-t-il conclu, il y a des besoins urgents de rénovation du réseau classique, comme les RER en Ile-de-France, utilisés par des millions de gens: cela ne peut pas attendre une génération ni même six mois ou un an»."

jeudi 7 juillet 2011

Jeudi 7 juillet 2011 - Un torrent de merde

Rien à signaler de spécial aujourd'hui dans les RER A ou B ni le matin ni le soir. Si tout de même, de justesse, mais j'ai fait l'aller comme le retour, assis.
La position assise m'a permis de me livrer à mon passe-temps favori, la lecture.
Ce matin j'ai pu terminer "Les contes de la Lune", essai sur la fiction et la science modernes, de Frédérique Aït-Touati. Ouvrage passionnant sur l'approche bouleversée de l'Univers par les savants astronomes du 17ème siècle, une approche où fiction et science se sont imbriquées pour faire émerger une "vérité" balbutiante. Galilée, Copernic, Kepler, Cyrano de Bergerac, Huygens...tous des La Pérouse des cieux qui nous emmènent très loin et nous laissent la tête dans les étoiles.
Ce soir, je me suis plongé au retour dans le Monde. D'abord le supplément "le Monde des livres", c'est d'ailleurs dans ce supplément que j'ai trouvé la référence de l'essai ci-dessus. Puis, le quotidien proprement dit. Je suis, à cette lecture, malheureusement tomber de haut, en fait je suis retombé brutalement sur terre.
Pour être tout à fait exact, comme l'a dit si poétiquement et récemment, Manuel Valls, à propos de l'affaire DSK, je me suis retrouvé dans un "torrent de merde".
Emporté dans ce torrent de merde que l'actualité rapportée ce jour dans le Monde, véhiculait, j'ai subitement repris mes réflexes de naufragé, pour une fois pas du RER mais de la société  ou de l'air du temps :
La merde de DSK sur deux pleines pages, je ne puis que partager le ras le bol de Valls avec lequel je n'ai pourtant pas d'affinités particulières. Pourquoi revenir en permanence sur ce fait divers sordide, quoiqu'il advienne pour les uns ou pour les autres des acteurs, ils sont englués dans la merde jusqu'au cou et chaque jour les médias nous tirent, pauvres citoyens lambda, par les pieds, toujours un peu plus au fond de cette fange au risque de nous y noyer ! En "politique", tous les retournements sont possibles, mais blanchi ou pas, DSK sentira désormais et jusqu'à sa mort, la merde. Que l'on nous foute donc la paix avec ça et qu'on nous laisse enfin respirer !
La merde de Murdoch avec son infâme presse pourrie dont le torrent charrie en plus toute la haine, le fanatisme et la vulgarité des caniveaux du monde !
La merde de Claude Guéant avec la Cour des Comptes (pas ceux de la Lune !), vaillant petit soldat, qui ferait un procès à cette vénérable mais totalement inutile institution, s'il le pouvait.
La merde de Lauvergeon et d'AREVA, dans un règlement de comptes d'une autre nature !
La merde de la "Droite Populaire" avec l'immigration, une droite qui a depuis longtemps dépassé le stade de la bêtise pour atteindre celui d'un fascisme larvé !

Épuisante et désespérante lecture. Anéanti et naufrage pour naufrage, je me suis planté devant ma télévision pour oublier tout ça en m'abrutissant avec une de ces comédies américaines ineptes et ruisselantes de bons sentiments jusqu'à l'écoeurement.
Puis un sursaut, et la dernière heure de "l'Armée des ombres" de Melville, vue pour la énième fois, salutaire tout de même, le naufragé a gagné son lit, certes triste et glacé (le naufragé pas le lit) mais avec en tête un autre parfum que celui de notre merde actuelle et le sentiment d'avoir résisté au dernier moment à une totale lobotomisation télévisuelle.

Deezer : Merde in France - Jacques Dutronc

mardi 5 juillet 2011

Mardi 5 juillet 2011 - Scènes de ménage

Ce matin, donc, RER A et coup de chance, une rame à deux étages. Debout, certes, mais rencogné juste à la porte, je profite de la climatisation qui me distille au-dessus de l'occiput, une brise bienvenue.
Sartrouville arrivant et puis Houilles et le voyage vire à la compression "césarienne" avec en prime une halte à l'interconnexion Nanterre-Préfecture qui s'éternise suite à un "incident". La climatisation n'est plus qu'un lointain souvenir, la chaleur "animale"du wagon à bestiaux l'annihilant complètement. Coincé entre un malabar à la sueur âcre et un nain que je surplombe et qui m'encense d'un after-shave aux effluves nauséabondes, j'aurais pris mon parti si en sus des nuisances olfactives ne s'étaient pas ajoutées les nuisances auditives d'une jeune femme, catégorie employée, relevant de ma typologie combinée "accro du portable" et "Ginette".
Cette dernière montée dans le wagon à Sartrouville et réfugiée sur les marches de l'escalier menant au second étage, va hurler dans son portable sans discontinuer jusqu'à Charles de Gaulle - Étoile, soit vingt bonnes minutes en tenant compte de la halte de Nanterre.
Petit drame domestique amusant dans la fiction d'après 20 heures sur M6 mais sinistre dans une rame du RER A bondée. Sinistre, triste et révélateur aussi d'une situation humaine courante mais néanmoins pitoyable dans notre contexte sociologique urbain et stressant. La femme s'engueule avec son Jules resté à la maison. Durant vingt-minutes cauchemardesques, en boucle, s'effectue un règlement de compte lancinant et impudique, hallucinant car exposé sur la place publique sans aucune retenue.
Le Jules reproche à sa Ginette de ne pas l'avoir prévenu qu'elle partait et pourtant la malheureuse détaille les papouilles tendres puis rageuses qu'elle lui a prodiguées pour l'avertir de son départ. Elle a démarré la voiture mais même le bruit de moteur ne l'a pas pressé. Finalement la voiture est partie sous son nez le laissant comme un gland sur place. Là l'auditeur et spectateur "captif", ne comprend pas bien si le "beauf" est agacé de n'avoir pu palucher une fois de plus sa gonzesse ou s'il l'est parce qu'il va arriver en retard au turbin. La suite de la conversation permet de penser que l'agacement relève du paluchage contrarié. La jeune femme presque en larmes, hurle que "elle, elle bosse" et qu'elle ne supporte plus que son Jules "lui prenne la tête comme ça quasiment tous le matins, vu que déjà le boulot et les transports c'est pas drôle". Le Jules semble donc devoir être rangé dans la catégorie des "beauf" machistes et égoïstes qui plus est grosses feignasses.
Puis vient l'histoire du couple, celle d'un couple qui se défait sous vos yeux et dont il est presque certain qu'il explosera incessamment sous peu. Détails sordides du style "vase de Soissons", "conversation" qui s'achève dans un sanglot nerveux juste avant l'arrivée à sa station, la jeune femme qui n'est pas vilaine a le regard d'une infinie tristesse, brouillé par des larmes à peine contenues.
Petite tragédie dérisoire d'une humanité peu digne d'intérêt et d'attention, totalement déplacée parce que la sphère intime se répand et vient comme un acide, rongée la bulle que chacun des naufragés tente de maintenir étanche tant bien que mal. Mais justement petite tragédie au bout du compte assez poignante par son contexte et ce qu'elle suppose d'une misère sentimentale et d'une souffrance individuelle exprimées dans le monde métropolitain par définition collectif et indifférent.

Deezer : Les histoires d'amour...Catherine Ringer - Rita Mistouko