Pour qui une jeune fille ou un jeune homme pourront-ils voter aux élections présidentielles de 2012 ?
I - Préambule
11 - Les mouvements
III - Les hommes
IV - Le choix de l'honnête homme
I - Préambule
Naturellement qu'ils soient de droite, de gauche ou d'ailleurs, leur approche sera différente. Leurs convictions politiques les guideront dans leur choix. Ce choix, ils le détermineront en fonction de programmes électoraux, des actes et des résultats passés et présents des uns et des autres, de courants de pensée ou d'idéologies auxquels ils seront plus ou moins sensibles. Ce choix, ils l'effectueront, quoiqu'on en dise, également en fonction des affinités qu'ils entretiendront avec les candidates ou candidats selon la personnalité de chacune et chacun. Quoiqu'on en dise car s'il est de bon ton et s'il est de bon sens, d'ailleurs, de penser que les seuls critères devant présider au choix de celle ou de celui qui dirigera le pays, sont ceux des grandes orientations politiques, philosophiques, économiques et sociétales, il n'en reste pas moins vrai que le choix se fera aussi sur des critères "personnels". C'est la conception même de cette élection qui le commande. Dès lors, la présentation, le charisme, les talents de communication, les capacités d'empathie des candidats compteront autant que leurs idées si ce n'est plus pour une bonne partie de l'électorat.
Cette "personnalisation" dont l'actualité témoigne quotidiennement et souvent jusqu'à la caricature ne pourra que s'accentuer sous les effets conjugués de la médiatisation mais surtout de la mort des idéologies.
Que reste-t-il, en effet, de ces idéologies politiques et de ces systèmes économiques lus selon notre clivage traditionnel français gauche - droite ?
Absolutisme et droit divin, libéralisme et son corollaire l'économie de marché, socialisme et social-démocratie, communisme et la propriété collective des moyens de production, qu'est-il advenu de toutes ces théories et quel bilan dresser du passage de ces théories à la pratique ? Le moins que l'on puisse dire est que toutes ces idéologies politiques et économiques, tous ces "ismes", ont connu des évolutions considérables et des applications aux destins contrastés.
II - Les mouvements
Dans notre société française d'aujourd'hui, il est possible de schématiser avec naturellement les limites d'une telle schématisation, la palette des choix qui sont offerts aux citoyens désireux de participer à la vie de la Cité en termes de mouvements, d'idéologies, de tendances et de courants :
Les extrêmes
- L'extrémisme de droite de type Front National (http://www.frontnational.com/),(http://ndp-infos.over-blog.com/),
Il est vraisemblable qu'il n'est que la vitrine "respectable" d'officines plus occultes et encore plus extrêmes dans leurs idées, toutefois, le choix du citoyen peut légitimement se porter sur cette formation dont il est dit qu'elle n'est pas "républicaine" mais qui pourtant n'est pas interdite légalement. Le Front National n'offre plus actuellement, comme d'ailleurs les autres mouvements politiques, qu'une mixture étrange empruntant au passé et à d'autres traditions étrangères, des éléments disparates : légitimisme, royalisme, nationalisme, fascisme, militarisme, racisme, poujadisme, négationnisme, pétainisme, maurrassisme, populisme, corporatisme, le tout reposant sur un discours économique quasi inexistant.- L'extrémisme de gauche de type NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) (http://www.npa2009.org/)
Il est sans doute pertinent de faire une remarque préliminaire identique à celle effectuée pour l'extrémisme de droite. Mais comme pour le FN, il est désormais le seul véritablement porteur "officiel" à gauche de cet étrange archaïsme qu'est le concept "d'anticapitalisme". Basé sur une théorie philosophique et économique, le marxisme, seule alternative à vrai dire de l'économie de marché, qui, cependant, à l'épreuve des faits et de l'histoire a vite sombré dans des pratiques totalitaires bien connues, le discours du NPA paraît bien sommaire et obsolète. Sur le fond rien de vraiment convaincant et s'il a quelque chose de nouveau, c'est l'âge de son représentant succédant à une Arlette Laguiller retraitée.
Cet extrémisme de gauche qui n'a plus d'extrême que son vocabulaire à défaut de ses modes d'action, apparemment périmés ceux d'Action Directe ou carrément folkloriques et nébuleux comme ceux du couple Coupat-Lévy, n'offre pas de perspectives exaltantes.
Bien plus, confronté à des réalités sociologiques nouvelles et déstabilisantes, le NPA semble déjà dépassé dans son fond comme dans sa forme. Enfin, comme tous les mouvements extrémistes, il n'échappe pas aux "ismes" recensés pour celui de droite. Même si la tonalité de ces "ismes" prend une autre résonnance plus politiquement correcte quand elle est de gauche, il est possible d'y déceler les mêmes aspects négatifs.
La droite la plus bête du monde (Guy Mollet)
La distinction des trois droites françaises relevée dans son célèbre ouvrage par René Rémond (http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Droites_en_France), légitimiste, orléaniste et bonapartiste, demeure sans doute essentielle. La dernière actualisation de 2005 de cet ouvrage publié en 1954, prend en compte les évolutions récentes de ces diverses droites mais force est de constater que l'auteur décédé malheureusement le 14 avril 2007, n'a pu intégrer la formidable évolution de cette droite en quatre années. Faut-il parler d'ailleurs d'évolution ou plutôt évoquer la théorie du chaos à propos de cette droite traitée globalement ?
Dans son actualisation de 2005, René Rémond estime que le légitimisme n'existe plus que comme une survivance archaïque qui n'a plus d'incarnation politique. Qu'il soit permis, toutefois, d'en trouver tout de même des traces dans les idées véhiculées par le F.N.
René Rémond y affirme également l'actualité de sa distinction d'une droite orléaniste aux deux sous-courants, l'un plus libéral et l'autre de "pouvoir" plus autoritaire.
Enfin et bien entendu, il maintient l'existence d'une droite dite "bonapartiste", autoritaire et reposant sur le soutien direct des masses populaires par méfiance d'un parlementarisme dévoyé. Le gaullisme tout naturellement (?) catalogué à droite relève pour René Rémond et en toute logique du courant "bonapartiste".
Toujours dans cette actualisation, il remarque assez étrangement le basculement vers la droite d'un sous-courant démocrate-chrétien, pourtant incarné depuis plusieurs décennies par un centre "introuvable" et un radicalisme bien pâle, dont on chercherait pourtant en vain une quelconque velléité d'un rattachement à la gauche.
Sans du tout prétendre entamer une critique même constructive de cet ouvrage capital avec les connaissances modestes d'un "honnête homme" sans aucune prétention, qu'il soit permis ici de faire quelques observations sur le gaullisme.
La personnalisation du pouvoir voulue par le Général ne peut que renforcer l'appartenance de son courant au bonapartisme, certes, mais il ne faudrait pas négliger l'importance de l'aspect "social" du gaullisme, un aspect qui prend d'autant plus de relief aujourd'hui.
Même s'il n'a jamais voulu le reconnaître et même s'il a porté une réelle estime au résistant, le Général De Gaulle a très largement puisé dans ce qui fut le premier parti de France à la vielle de la seconde guerre mondiale, le Parti Social Français du Colonel De la Rocque (http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_social_fran%C3%A7ais). Avec son livre fondateur "Service Public" et son parti, pour synthétiser, cet homme avait recherché et avec réussite à ouvrir un troisième voie dans la politique française d'avant-guerre, ni de droite ni de gauche ni du centre avec une forte composante sociale.
Mal lui en a pris, en France le clivage gauche-droite est sacro-saint, les historiens et les hommes politiques qu'ils soient de droite comme de gauche gênés par cette formation qui dérangeait leur mode de réflexion essentiellement binaire, ont tout simplement occulté cet épisode de notre histoire et l'ont relégué partialement dans ses oubliettes. Bien sûr, le Colonel de la Rocque fondateur des Croix de feu fut marqué définitivement du sceau de l'infamie celui des ligues factieuses alors qu'il refusa pourtant toute tentation antiparlementariste. Bien sûr, ni nationaliste, ni fasciste, ni socialiste, De la Rocque, ancien combattant, fut patriote, rejeté par la gauche pacifiste et rejeté par un pétainisme qu'il combattit. Un très lourd handicap donc, ce parti et son dirigeant furent broyés par un oubli savamment orchestré, mais encore une fois, indirectement le gaullisme fut en partie son héritier.
Le gaullisme ne peut donc pas être lu et analysé sans cet arrière-plan, et les notions de "participation" ou de "nouveau contrat social" du candidat malheureux Chaban-Delmas à l'élection présidentielle de 1974, sont incompréhensibles sans lui.
Pourquoi cette digression ? L'évolution du paysage politique français de la mort de René Rémond à aujourd'hui doit sans doute être jaugée à la lumière de ce bonapartisme certes autoritaire (quoique autoritaire…) mais aussi de son aspect social.
En quatre années et bientôt cinq, à quoi aura-t-on donc assisté ?
Une droite poursuivant une chasse désespérée et stérile sur les terres d'une extrême-droite récupérant peu ou prou des thématiques relevant d'un "légitimisme" archaïque mais revendiquées sans complexe et exposées dans un discours sommaire, simpliste mais percutant pour des électeurs déboussolés ou désabusés.
Une droite mêlant deux courants :
(http://ladroitepopulaire.com/demo/2011/01/24/bienvenue-sur-la-nouveau-site-de-la-droite-populaire/)
- un courant orléaniste mais qui pourrait être désormais catalogué ni libéral ni à tendance autoritaire, mais tout simplement "d'orléanisme affairiste". Ce qui frappe, en effet, l'honnête homme aujourd'hui c'est que cet orléanisme perd ses repères en termes de doctrine économique. Tenant d'un libéralisme économique et défenseur de l'économie de marché, cet orléanisme confronté à la crise et à une mondialisation exponentielle semble désorienté et naviguer à vue entre marché et un interventionnisme étatique annoncé à son de trompe et dérisoire dans ses résultats, libre concurrence et un protectionnisme condamné d'avance ne serait-ce que par l'appartenance à l'Union Européenne.
- un courant bonapartiste découlant naturellement d'un ultra-présidentialisme et d'un autoritarisme (multiplication inconsidérée des "normes", mesures mal conçues et discriminantes) assumé de façon inconstante ; mais un bonapartisme dénué de toute considération "sociale" qui permettait encore, bien que de loin, au "chiraquisme" de se réclamer du Général et des espoirs vite déçus issus de la Libération.
- Ces deux courants relevant de l'analyse traditionnelle et historique de René Rémond ne tient pourtant pas compte et pour cause de l'irruption en France d'autres "ismes" venant d'outre-Atlantique qui viennent totalement brouiller la donne.
La France malheureusement et dans tous les domaines, a cette propension à importer généralement avec vingt ou trente ans de retard, les idées, les concepts, les modes de vie et de pensée des Etats-Unis d'Amérique et bien souvent dans le même moment où ce pays y renonce. Néo-conservatisme et néo-libéralisme mal digérés, eux-mêmes battus en brèche dans leur pays d'origine confronté à une crise qu'il a suscité en grande partie, obscurcissent un débat déjà fort compliqué. De telle sorte que la droite française donne actuellement le spectacle d'un bateau ivre, ce qui en soit corroborant le mot de Guy Mollet ne serait peut-être pas trop grave, si cette droite ne risquait pas d'entraîner dans son naufrage le pays tout entier.
-Enfin, il convient d'évoquer ce "centre" balkanisé (http://www.france-politique.fr/mouvement-democrate.htm)
et ce radicalisme (http://www.france-politique.fr/parti-radical.htm) qui n'a plus qu'un très lointain rapport avec celui de la troisième république. De Lecanuet à Bayrou ou à Borloo, il faut citer des noms car ils sont seuls à pouvoir donner un semblant de forme à un courant qui n'en est pas un, qui a toujours prétendu constituer une alternative et qui a toujours déçu ceux qui y ont cru sincèrement. Qu'il soit de droite, de gauche ou chrétien, ce centre n'a jamais su se positionner lorsqu'il le fallait. Ne prenant en compte que ses intérêts du moment, véritable "marais" où s'enlisent les meilleures volontés (car à n'en point douter il y en a), ce centre n'est qu'un supplétif des deux grands courants existants.La gauche la plus bête du monde ? (N° 1053 Courrier International du 6 janvier 2011.)
"Courrier International" posait la question récemment.
Il n'existe pas pour les courants de gauche, l'équivalent de la somme de René Rémond sur les droites.
La catégorisation de ce courant est-elle moins intéressante à effectuer, est-elle plus difficile à élaborer ? Faute d'une référence comme celle de René Rémond, la littérature consacrée à ce courant est toutefois fort abondante et son survol permet d'opérer la même schématisation avec cependant les mêmes limites d'un tel exercice que pour la droite.
Quatre grands courants traversent cette gauche et si la fin du 19ème siècle, le 20ème et le début du 21ème ont été à la source de cette catégorisation telle qu'elle peut-être définie aujourd'hui, on retrouve grosso modo ces courants dès la grande révolution de 1789. Montagnards, girondins, jacobins et babouvistes sont les grands précurseurs.
De la fin du 19ème à 1945, il est possible de distinguer quatre courants essentiels à très grands traits : radicalisme, socialisme, anarchisme et extrême-gauche révolutionnaire, communisme.
Il n'est point besoin de s'appesantir sur cette distinction, un modeste honnête homme en a une connaissance même lacunaire.
Le radicalisme, parti de pouvoir basé sur la défense et l'illustration de la République, ancré dans l'anticléricalisme a compté jusqu'en 1945. Progressivement face au socialisme et au communisme, il va perdre son identité, donnant lieu à la célèbre formule "rouge dehors, blanc dedans" pour en arriver aujourd'hui à un quasi état de mort cérébrale.
Nés en 1789, revivifiés par la Commune de 1871, l 'anarchisme et l'extrême-gauche révolutionnaire vont se constituer très vite à la marge d'un socialisme qui en est d'abord la vitrine "légale". A la même époque les disciples "politiques" de Marx, le syndicalisme révolutionnaire, vont également servir de support à cette extrême- gauche. Le congrès de Tours consacrera la scission entre socialisme et communisme, l'évolution de ce dernier permettra en quelque sorte aux courants anarchistes et d'extrême-gauche de se différencier définitivement et du socialisme et du communisme, pour devenir une mouvance autonome.
De 1936 (date symbole) à la chute du mur de Berlin,
les choses vont commencer à se complexifier et une lente évolution va conduire au constat actuel d'une gauche elle aussi en pleine confusion et contradiction.
les choses vont commencer à se complexifier et une lente évolution va conduire au constat actuel d'une gauche elle aussi en pleine confusion et contradiction.
Le radicalisme va mourir avec la seconde guerre mondiale, le socialisme de Jaurès basé sur des valeurs humanistes va se trouver confronté aux dures réalités économiques et sociales. Léon Blum va gouverner de juin 1936 à juin 1937 et avant même d'arriver au pouvoir il va définir la nature de son futur gouvernement, cette définition est très clairement exposée dans un extrait d'un article de l'Encycloedia Universalis qui lui est consacré :
"…face aux exigences de l'aile révolutionnaire de son parti, dirigée par Marceau Pivert qui, dans un retentissant article du Populaire publié le 27 mai 1936 et intitulé « Tout est possible », préconisait de transformer l'exercice du pouvoir en conquête révolutionnaire du pouvoir pour fonder la société socialiste sur la base de la propriété collective. Telle n'est pas l'intention de Léon Blum. Constatant que le suffrage universel n'a donné de majorité absolue ni aux socialistes ni aux « partis prolétariens » (socialiste et communiste), il en déduit que la mission qui lui a été confiée se résume au triptyque du Front populaire (« le pain, la paix, la liberté ») et, par conséquent, son objectif sera de mener non pas une expérience socialiste, mais une politique sociale dans le cadre du capitalisme libéral en place, de l'économie de marché et de la propriété individuelle. Les communistes ayant refusé de participer au gouvernement pour ne pas effrayer l'opinion publique et ayant promis leur soutien parlementaire, Blum constitue un gouvernement de socialistes et de radicaux…"
Ce programme a minima c'est finalement celui de la social-démocratie, celui d'un Kerensky face au bolchévisme et qui mourra en exil en 1970 aux Etats-Unis. Peut-être plus important que la scission du Congrès de Tours, c'est ce constat réaliste de Léon Blum qui va et pour longtemps marqué la gauche française et continue de la marquer.
Désormais la gauche sera confrontée au dualisme d'un communisme qui restera à jamais entaché de la terreur léniniste et du totalitarisme stalinien et d'un socialisme, maintenant certes tant bien que mal les valeurs de Jaurès mais discrédité par son acceptation réaliste et forcée du modèle capitaliste, s'efforçant d'y appliquer un emplâtre "social".
De la chute du mur de Berlin à aujourd'hui.
Le communisme "appliqué" en termes "d'internationale" va faire illusion de Lénine jusqu'en 1956 et l'insurrection de Budapest. Jusqu'en 1989 et la chute du mur de Berlin, le Parti Communiste Français (http://www.france-politique.fr/parti-communiste.htm) va poursuivre une carrière déclinante et l'ouvrage de François Furet, "le passé d'une illusion" constitue une passionnante analyse de cette lente évolution. Les résultats aux élections présidentielles lorsqu'un candidat représente le PCF sont parlants : 1969 avec 21%, 1981 avec 15%, 1988 avec 7%, 1995 avec 8,5%, 2002 avec 3% et 2007 avec 2% signe la fin de ce qui fut un grand parti. Quoique l'on pense du communisme et de son illustration française, sa quasi disparition laisse un vide vertigineux qui contribuera fortement à désorienter l'électorat ouvrier et "populaire". Pour l'heure cette problématique n'a pas trouvé de réponse satisfaisante.
Le communisme "appliqué" en termes "d'internationale" va faire illusion de Lénine jusqu'en 1956 et l'insurrection de Budapest. Jusqu'en 1989 et la chute du mur de Berlin, le Parti Communiste Français (http://www.france-politique.fr/parti-communiste.htm) va poursuivre une carrière déclinante et l'ouvrage de François Furet, "le passé d'une illusion" constitue une passionnante analyse de cette lente évolution. Les résultats aux élections présidentielles lorsqu'un candidat représente le PCF sont parlants : 1969 avec 21%, 1981 avec 15%, 1988 avec 7%, 1995 avec 8,5%, 2002 avec 3% et 2007 avec 2% signe la fin de ce qui fut un grand parti. Quoique l'on pense du communisme et de son illustration française, sa quasi disparition laisse un vide vertigineux qui contribuera fortement à désorienter l'électorat ouvrier et "populaire". Pour l'heure cette problématique n'a pas trouvé de réponse satisfaisante.
Le socialisme français qu'il se soit incarné au travers de la SFIO de Guy Mollet ou au travers du Parti Socialiste de François Mitterrand (http://www.parti-socialiste.fr/) n'a jamais pu apporter cette réponse. Le long règne de ce dernier (1981-1995) a pu lui aussi donner l'illusion durant à peine deux années d'un socialisme triomphant, porteur de justice sociale, de valeurs humanistes et d'un modèle économique différent. Cependant comme pour Blum et le Front Populaire, la réalité a vaincu le rêve et c'est bien dès 1983 de social-démocratie qu'il faut parler et non plus d'un socialisme dont on peut se demander s'il n'a vraiment jamais eu d'existence réelle.
1981-1995, une personnalité "historique" bien révélatrice de la personnalisation du pouvoir, a masqué l'indigence conceptuelle et économique de ce qui n'était sans doute même pas son courant de pensée. François Mitterrand de par sa stature, son aura, son intelligence politique et son intelligence tout court aura certainement dans notre histoire une place de choix. Comme souvent, cet homme d'Etat se sera mieux exprimé à l'extérieur qu'à l'intérieur. Il fut sans doute apprécié des français parce que face à un De Gaulle, cornélien, il était un personnage racinien, symbole d'une France profonde qui de 1939 à 1945 eut des hésitations très humaines entre pétainisme et gaullisme, esprit de résistance même passive et lâche abandon. Bref, un homme complexe, pétri d'humanité avec ses zones d'ombre et aussi ses fulgurances, au fond très gaulois.
En 1970, la mort de De Gaulle donna lieu à la célèbre image du chêne que l'on abat, celle de Mitterrand en 1996, celle d'un homme arrivé au bout de sa souffrance. Il n'empêche à défaut d'être un chêne, il était bien un arbre mais qui ne cachait pas la forêt puisqu'il n'y en avait déjà plus.
1995 et le Parti Socialiste rentre dans une des plus désastreuse périodes de l'histoire socialiste. Mendès-France, Rocard et Delors à un moindre degré font partie de ses hommes qui ont fait l'honneur de ce courant mais sans l'ambition suffisante nécessaire à un homme d'Etat bien qu'ils en auraient eu sans doute l'envergure.
Lionel Jospin avait peut-être l'ambition mais n'avait pas l'envergure. 1997-2002, un quinquennat pour rien, une gestion de l'économie de marché bien aidé en cela par Dominique Strauss-Kahn, une pâle et inutile copie du Blum de 36, avec les trente-cinq heures et une stagnation totale de la société française alors que ce parti avait par une chance inouïe accédé au pouvoir avec toutes les cartes en main.
Sans l'envergure mais avec la suffisance, Lionel Jospin mène le Parti Socialiste à la véritable catastrophe "industrielle" de 2002.
L'interrogation de Courrier International de 2011, elle aurait sans doute pu être formulée dès 1997 avec une réponse affirmative.
1997 constitue certainement la date de naissance de la gauche la plus bête du monde, elle enchaine et accumule dès lors, bourdes sur bourdes, que l'on songe seulement au grotesque débat qui va agiter et miner le PS à l'occasion du référendum de 2005 sur la constitution européenne.
2007 et le duel Royal-Sarkozy. Le PS a l'idée somme toute assez légitime et pertinente quand on connaît un tant soit peu le fonctionnement interne de ce parti depuis sa création, d'organiser des "primaires" au sein du parti pour désigner le candidat aux présidentielles.
Passé l'épisode dérisoire d'une tentative de Lionel Jospin, trois candidats se retrouvent en lice. Laurent Fabius représentant la gauche du parti mais partant avec le sévère handicap de son appel au non du référendum de 2005, Dominique Strauss-Kahn dont le jargon technocratique et universitaire déconcerte les militants. Sans véritable référence autre que celle d'un gestionnaire du capitalisme comme ministre de l'Economie de 1997 à 1999 et sans l'aura de son futur poste au FMI, ce candidat sans charisme représente une sorte de social-démocratie sans âme et sans véritable projet. Ségolène Royal va remporter ces primaires. Femme, souvent maladroite, elle a toutefois le mérite d'échapper en termes d'image à celle de "l'éléphant". Elle aussi est une social-démocrate mais elle apporte ce supplément d'âme qui manque à Dominique Strauss-Kahn. En interne, elle n'aura pas le soutien de l'appareil, au fond elle est victime de ce mode de pensée binaire décrit plus haut. Même si son programme n'en est pas un, ses références à des valeurs humanistes combinées à d'autres références au "blairisme" et enfin son ouverture vers le "centre" de Bayrou, a le mérite de constituer cette fameuse troisième voie honnie dans la vie politique française et honnie par les "penseurs" du socialisme de ce début du 21ème siècle. Dès lors "la machine à perdre" est embrayée, minée de l'intérieur par ses "camarades", plombée par des "sorties" et des formulations parfois hasardeuses, elle perd au second tour face à Nicolas Sarkozy.
Cette défaite lui est personnellement imputée par les éléphants du PS, ceux-ci estimant que cette élection était imperdable. Les critiques fusent de toute part même de celle d'un Lionel Jospin qui pourtant en la matière aurait du se taire eu égard à sa propre expérience. Les "Tartuffe" s'en donnent à cœur joie, Ségolène Royal est le parfait bouc-émissaire des incohérences, des dérives, et de l'immense perte de "sens" de cette formation politique qui revendique pourtant son rang de premier parti du pays.
2008 et le congrès de Reims constituent le point d'orgue de cette déliquescence. Un vote suspect propulse Martine Aubry à la tête du parti battant Ségolène Royal. Lors des débats à sa manière quelque peu planante elle cite Jaurès, "Nous sommes ceux qu’on croit dans la tombe et qui se lèvent, nous sommes ce qui renaît quant tout paraît perdu, nous sommes le socialisme, levons-nous, vertu et courage, car nous rallumerons tous les soleils, toutes les étoiles du ciel." Elle sera copieusement sifflée par des militants socialistes qui ne reconnaissent même pas la référence à Jaurès, savent-ils même encore qui est cet individu.
Les "Tartuffe" ne désarmeront pas accusant l'oratrice d'avoir déformé la citation initiale "Même si les socialistes éteignent un moment toutes les étoiles du ciel, je veux marcher avec eux dans le chemin sombre qui mène à la justice, étincelle divine, qui suffira à rallumer tous les soleils dans toutes les hauteurs de l’espace" (Jean Jaurès, La question religieuse et le socialisme, 1891). Certains, fielleux, iront même jusqu'à dire " Jaurès appelle à dépasser la religion, à « éteindre un moment les étoiles du ciel », pour mieux construire la Justice, valeur socialiste et laïque. Ségolène Royal, elle, fait exactement le contraire : elle fait explicitement référence au christianisme, à une mystique de la résurrection – elle fait un contresens absolu. Bien sûr, siffler un camarade n’est jamais estimable, cependant, ceux qui sifflaient n’ont pas sifflé Jaurès, ils ont sifflé la trahison faite à Jaurès". Cette réaction passéiste et qui plus est d'une extrême mauvaise foi (sans jeu de mots), illustre parfaitement la confusion qui règne aujourd'hui dans ce courant de pensée et le sectarisme de ceux qui l'animent.
2011 et le débat des nouvelles "primaires" socialistes. C'est par référence à la guerre des "chefs" qui fait rage au sein de ce parti et à l'occasion de la préparation des présidentielles de 2012, que Courrier International a intitulé sa première de couverture. En soi, encore une fois, cette organisation de primaires "new look" (voir le lien ci-après dans Wikipedia très bien fait : (http://fr.wikipedia.org/wiki/Primaire_pr%C3%A9sidentielle_socialiste_de_2011#Modalit.C3.A9s_du_scrutin) continue d'être pertinente pour une formation qui se veut démocratique. Toutefois, la multiplication des candidats potentiels, les arrière-pensées et manœuvres de chacun pour adapter voire contourner le dispositif à des fins personnelles et son calendrier démentiel bien trop tardif, laissent présager un nouveau démarrage de "la machine à perdre" déjà évoquée.
La personnalisation des élections présidentielles est d'autant plus renforcée que ce processus des primaires y contribue fortement. Après tout quel mal ? Aucun, si les futurs adversaires peuvent faire valoir des "différences" autres que leur apparence par rapport à un contenu programmatique cohérent, clair et lisible pour l'électeur. Aujourd'hui ce contenu est pour le moins que l'on puisse dire aussi convaincant que celui d'une droite qui au bout de quatre années d'exercice du pouvoir affirme qu'elle va annoncer des mesures phare pour l'année à venir.
Ce contenu tel que l'on peut déjà l'appréhender apporte-t-il quelque chose de nouveau, ne sera-t-il pas une énième déclinaison d'une social-démocratie gérant la crise ? Pire cependant, les électeurs de gauche accepteraient sans doute l'approche réaliste de la social-démocratie pourvu que cette dernière fasse entendre sa différence sur des valeurs humanistes à la Jaurès, des valeurs sifflées au congrès de Reims, des valeurs qui devraient être défendues avec conviction. Les actuels discours incantatoires du PS sur ses valeurs risquent fort de laisser de marbre des militants puis des électeurs à qui on les serinent depuis 1997 sans qu'ils n'en voient jamais les effets aussi bien au niveau de la société qu'au niveau de leur quotidien.
Enfin, ce n'est pas l'inénarrable reportage (?) récent mettant en scène celui qui semble devoir porter inéluctablement les couleurs du PS aux prochaines échéances présidentielles qui pourra les rassurer. Le virtuel candidat Dominique Strauss-Kahn, assène benoitement lors de ce reportage, en préparant son steak dans sa luxueuse résidence de Washington, "Etre de gauche, "c'est dépasser le possible, mais pas promettre l'impossible". Rien de bien nouveau donc sous le soleil depuis 1936 et l'honnête constat de Léon Blum. Il faudrait au candidat un peu plus que cela pour emporter l'adhésion des électeurs mais après tout dans un paysage idéologique dévasté et confronté à une classe politique déconsidérée, cela lui sera peut-être suffisant.
L'écologisme
En 1974, René Dumont est le premier candidat dit "écologiste" à une élection présidentielle.
Peut-on considérer au sens de la catégorisation de René Rémond, que l'écologisme politique constitue un courant idéologique distinct dans le paysage français.
Basée sur la défense de l'environnement, modernisant son discours avec le concept de "développement durable" et enfin, tel le radicalisme de jadis dans l'anticléricalisme, ancré dans la lutte antinucléaire, cette mouvance a cru sortir à l'occasion des dernières élections européennes et régionales du cercle un tantinet folklorique et désordonné qu'il occupait jusqu'alors.
De gauche ou de droite, l'écologisme politique ? C'est un peu comme pour le "centre", il y a de tout. Cependant, les gros bataillons de cette nébuleuse penchent majoritairement à gauche, à preuve les consignes de vote de second tour aux diverses élections.
En 2009 et 2010, émerge donc un pôle écologique "Europe Ecologie" qui semble construire un discours politique un peu plus large que les thématiques environnementales habituelles à cette mouvance notamment avec comme le nom l'indique, la dimension européenne. Il faut reconnaître que cette émergence doit beaucoup à celui qui l'a en quelque sorte propulsée, Daniel Cohn-Bendit. La dimension politique et historique du personnage ainsi que son charisme vont contribuer beaucoup à un éphémère succès et faire naître un espoir un peu fou, sans doute, chez des militants de gauche voire du centre déçus et désabusés par leurs maisons-mères, de cette fameuse troisième voie maintes fois évoquée dans cette modeste analyse et toujours broyée au nom du rythme binaire de notre vie politique.
Succès éphémère qui ne semble pas devoir perdurer malgré ou peut-être à cause du poids pris dans cette mouvance par les Verts, cette "force" ayant à présent pour intitulé "Europe Ecologie – les Verts"(http://www.eelv.fr/).
Ces verts qui n'ont jamais été capables de se structurer et de se gouverner de façon cohérente et qui n'ont été jusqu'alors que des supplétifs de la gauche, semblent avoir malheureusement communiqué leur malédiction à cette nouvelle force qui n'en est peut-être déjà plus une. Le retrait de Cohn-Bendit qui semble ne plus avoir pour ambition que de commenter la Coupe du Monde de football a certainement accéléré un processus dé décomposition avant l'heure et la guerre des "chefs" qui se pointe à l'horizon, héritage direct et pervers des Verts, n'arrangera pas les choses.En l'état, il n'est donc pas possible de considérer cette mouvance comme une nouvelle constante "dure" de la vie politique française, elle n'est encore que ce qu'elle a été jusqu'à maintenant un mouvement flou et vibrionnant, déversoir pour des déçus et réservoir pour des partis ayant pignon sur rue.
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