dimanche 24 avril 2011

Samedi 23 avril 2011 - Docteur Jekyll et Mister Hyde

Aujourd'hui pas de RER. Le naufragé s'est bien rendu à Paris mais comble du luxe en voiture !
Totalement inconscient et irresponsable, le naufragé en cette journée anormalement étouffante de printemps, a contribué à la pollution de la capitale.
Pause musicale, ce soir. Opéra-Bastille pour voir le ballet Roméo et Juliette de Serge Prokofiev, chorégraphie de Rudolf Noureev. Une des rares musiques de ballet qui peut s'entendre pour elle-même. Musique sublime, dans des décors somme toute assez beaux et de somptueux costumes. Je ne m'y connais pas trop en danse mais j'ai beaucoup apprécié la danseuse étoile qui incarne Juliette, Dorothée Gilbert. Elle glisse, elle vole, une grâce, une légèreté, une facilité confondantes, une émotion, une fragilité mais aussi une force. Devant ces ballerines, je reste toujours confondu d'admiration et d'étonnement pour leur naturel quand on sait tout le poids de larmes, de sueur et de sang qu'il a fallu mettre dans la balance pour acquérir une telle technique et une telle maîtrise de son art.
Par contre, ce public du samedi soir et de vacances scolaires n'était pas à la hauteur des artistes. Beaucoup de jeunes sans la moindre idée de ce qu'ils viennent voir et confondant l'opéra avec une salle de cinéma de banlieue. Mêmes commentaires, ineptes, crétins et déplacés à haute voix d'ados hystériques et pré-pubères que pour un film genre Twilight. Heureusement, le pop-corn n'est pas en "vente libre" à l'opéra ! Beaucoup d'enrhumés aussi (c'est le printemps) incapables de se retenir de tousser et d'éternuer. Un jour, vous verrez qu'ils ne se retiendront plus, tous ces gens qui ne savent même plus ce qu'est une règle de vie en collectivité,  et qu'ils feront caca tout  naturellement sur les fauteuils de velours ! Des gens qui applaudissent à n'importe quel moment. Je sais bien que le ballet relève plus du numéro de cirque que de l'art pur, mais tout de même Prokofiev ! Enfin, des spectateurs consommateurs qui ne peuvent même pas rester une minute pour applaudir, ne comprenant pas qu'en applaudissant les artistes, ils s'applaudissent eux-mêmes, partageant un bien culturel commun, une part de leur patrimoine artistique. Mais non ! Ils viennent ici comme ils regarderaient un match de foot ou l'émission X Factor !
Éviter le naufrage du RER A pour sombrer dans celui de ces sombres idiots, cela m'a un peu attristé. mais quand j'ai vu le troupeau dont pour une fois je ne faisais pas partie, regagner les bouches infernales du métro, je me suis senti quelque part vengé. De ma vitre ouverte, je les ai contemplés ces naufragés et quand le feu est passé au vert, j'ai connu l'intense satisfaction en démarrant vivement, de leur lâcher au nez quelques vapeurs d'hydrocarbures, qu'ils éternuent au moins pour un vrai motif !


Ce soir j'ai eu l'impression de jouer les "Dr. Jekyll et Mister Hyde" en rédigeant cet article à mi-chemin entre l'honnête homme et le "beauf" de Cabu !
Grosse fatigue.

Deezer : Prokofiev, Roméo et Juliette, scène du balcon

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