jeudi 7 juillet 2011

Jeudi 7 juillet 2011 - Un torrent de merde

Rien à signaler de spécial aujourd'hui dans les RER A ou B ni le matin ni le soir. Si tout de même, de justesse, mais j'ai fait l'aller comme le retour, assis.
La position assise m'a permis de me livrer à mon passe-temps favori, la lecture.
Ce matin j'ai pu terminer "Les contes de la Lune", essai sur la fiction et la science modernes, de Frédérique Aït-Touati. Ouvrage passionnant sur l'approche bouleversée de l'Univers par les savants astronomes du 17ème siècle, une approche où fiction et science se sont imbriquées pour faire émerger une "vérité" balbutiante. Galilée, Copernic, Kepler, Cyrano de Bergerac, Huygens...tous des La Pérouse des cieux qui nous emmènent très loin et nous laissent la tête dans les étoiles.
Ce soir, je me suis plongé au retour dans le Monde. D'abord le supplément "le Monde des livres", c'est d'ailleurs dans ce supplément que j'ai trouvé la référence de l'essai ci-dessus. Puis, le quotidien proprement dit. Je suis, à cette lecture, malheureusement tomber de haut, en fait je suis retombé brutalement sur terre.
Pour être tout à fait exact, comme l'a dit si poétiquement et récemment, Manuel Valls, à propos de l'affaire DSK, je me suis retrouvé dans un "torrent de merde".
Emporté dans ce torrent de merde que l'actualité rapportée ce jour dans le Monde, véhiculait, j'ai subitement repris mes réflexes de naufragé, pour une fois pas du RER mais de la société  ou de l'air du temps :
La merde de DSK sur deux pleines pages, je ne puis que partager le ras le bol de Valls avec lequel je n'ai pourtant pas d'affinités particulières. Pourquoi revenir en permanence sur ce fait divers sordide, quoiqu'il advienne pour les uns ou pour les autres des acteurs, ils sont englués dans la merde jusqu'au cou et chaque jour les médias nous tirent, pauvres citoyens lambda, par les pieds, toujours un peu plus au fond de cette fange au risque de nous y noyer ! En "politique", tous les retournements sont possibles, mais blanchi ou pas, DSK sentira désormais et jusqu'à sa mort, la merde. Que l'on nous foute donc la paix avec ça et qu'on nous laisse enfin respirer !
La merde de Murdoch avec son infâme presse pourrie dont le torrent charrie en plus toute la haine, le fanatisme et la vulgarité des caniveaux du monde !
La merde de Claude Guéant avec la Cour des Comptes (pas ceux de la Lune !), vaillant petit soldat, qui ferait un procès à cette vénérable mais totalement inutile institution, s'il le pouvait.
La merde de Lauvergeon et d'AREVA, dans un règlement de comptes d'une autre nature !
La merde de la "Droite Populaire" avec l'immigration, une droite qui a depuis longtemps dépassé le stade de la bêtise pour atteindre celui d'un fascisme larvé !

Épuisante et désespérante lecture. Anéanti et naufrage pour naufrage, je me suis planté devant ma télévision pour oublier tout ça en m'abrutissant avec une de ces comédies américaines ineptes et ruisselantes de bons sentiments jusqu'à l'écoeurement.
Puis un sursaut, et la dernière heure de "l'Armée des ombres" de Melville, vue pour la énième fois, salutaire tout de même, le naufragé a gagné son lit, certes triste et glacé (le naufragé pas le lit) mais avec en tête un autre parfum que celui de notre merde actuelle et le sentiment d'avoir résisté au dernier moment à une totale lobotomisation télévisuelle.

Deezer : Merde in France - Jacques Dutronc

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