lundi 21 mars 2011

Adolfo Ramirez

Je m'appelle Adolfo Ramirez et je suis à ma façon également un naufragé du RER A.
 Vous me croisez tous les jours dans les rames de ce moyen de transport que je suis obligé d'emprunter quotidiennement. Mon physique est passe-partout, je suis de taille très moyenne mais sous  l'imperméable personne ne peut distinguer la musculature que j'entretiens. Avec l'âge j'ai pris un peu d'embonpoint, c'est vrai, toutefois que l'on ne s'y méprenne pas je peux encore casser du bamboula lorsque c'est nécessaire. C'est vrai aussi que jadis je n'avais besoin de personne pour m'y aider, aujourd'hui je préfère regarder les copains s'y mettre à plusieurs.
Ce sont mes cheveux à moi même s'ils se font rares, la moustache aussi est la mienne. Quant aux lunettes à verres fumés qui font miroir,  elles me permettent de reluquer les cuisses dénudées de toutes ces salopes qui ne demandent qu'à se faire sauter. Elles ont un autre avantage, je peux y dissimuler la haine de mon regard quand je contemple la racaille qui m'entoure.
J'étais charcutier mais cet état pourri qui taxe sans pitié le petit commerce m'a acculé au dépôt de bilan et j'ai du me reconvertir comme vendeur dans un supermarché. C'est une couverture, je suis en fait un "agent dormant", celui du fascisme, vous pouvez dormir tranquille, je veille.
Je ressemble beaucoup à mon grand-père quand il était encore vivant. Un espagnol, un franquiste qui aimait beaucoup travailler dans les caves de l'époque. Comme souvent ses mérites ne furent pas reconnus à leur juste valeur et c'est poussé par la misère qu'il vint s'installer en France où il put poursuivre son travail toujours dans les caves, celles de la milice et de la Gestapo. Il en conservait un souvenir ému, la "belle époque" disait-il avec son bon rire quand il me faisait à dada sur ses genoux. Il me racontait parfois de formidables anecdotes comme la fois où il avait retrouvé rue Lauriston, un républicain espagnol réfugié effaré de retomber une nouvelle fois entre ses mains et pour lequel il avait cette fois définitivement terminé le travail.
Après quelques temps de repos à la Libération, il put ouvrir sa charcuterie. Somme toute il poursuivait sa vocation. Mon père auquel je ressemble également, était un romantique, il voulait vivre l'aventure. La charcuterie n'était pas sa tasse de thé, ce fut l'Algérie, puis l'OAS, un peu contraint il fit un tour en Argentine mais c'est au Chili qu'il put donner toute sa mesure dans son amour de l'exotisme. Une cave est une cave mais là-bas il pouvait à nouveau retrouver cette douce langue ibère dont son père l'avait bercée, les cris et les supplications résonnaient à ses oreilles avec un petit côté dépaysant mais tout de même plus civilisé que l'arabe des bicots qui finissait par le déprimer.
Ma mère était restée en  France pour maintenir notre commerce de charcuterie et c'est ainsi que j'ai pu bénéficier de cette double culture, sur deux continents, du travail bien fait dans le charcutage de la viande porc ou de la chair humaine, ce qui revient souvent au même quoique l'animal me soit finalement plus sympathique.
Malheureusement je fais partie de cette génération "un peu désenchantée" qui n'a pas pu faire ses preuves comme celles des grands aînés. Mais tout de même j'ai pu et je peux encore me faire la main. Je suis né trop tard dans un monde trop vieux, certes, mais colleur d'affiche dans les années 70 j'ai pu me colleter avec les colleurs du PC de la grande époque, qui se coupaient les doigts en tentant d'arracher les affiches du FN dans la colle desquelles nous mêlions des lames de rasoir. "Douce, douce musique" que celle de leurs jurons douloureux.
Le FN c'est ma seconde famille, membre actif du service d'ordre et d'officines moins officielles, j'ai pu en quelque sorte perpétuer la tradition familiale. Finalement entre parties de chasse et ratonnades, ma vie a été bien remplie et tout me porte à croire que j'ai encore de belles années devant moi.
Naufragé de la France, de celle que j'aime, bleue marine comme dirait l'héritière, je ne désespère pas. Je pourrais me sentir quasiment noyé dans le RER A, dans ce concentré de tout que je déteste. Mais derrière mes lunettes noires, tous ces nègres, ces ratons, ces niakwés, ces youtres, ces roms, ces jeunes, tous déchets de l'humanité, je les repère, je les compte et un jour qui s'annonce proche nous le leur réglerons.
Si la Marine a les couilles de son père, rien n'est perdu. Je rigole intérieurement avec leurs histoires de "front républicain" (grand-père lui aussi doit se poiler dans sa tombe en entendant  ces conneries "républicaines") et tous de droite comme de gauche, nous les attendons de pied ferme, bientôt les caves reprendront du service.
Dormez tranquilles, bons citoyens, nous sommes les dignes descendants des inquisiteurs, des massacreurs de la Saint-Barthélémy, de la Cagoule, des flics français de la rafle du Vel d'Hiv, des utilisateurs de la gégène...Nous sommes la haine, le sectarisme, le fiel et le fanatisme...Nous sommes la France éternelle.


Nous sommes parmi vous, ayez confiance, nous veillons...!


(Naturellement, remerciements à Jean-Marie Poiré et à son "Papy fait de la résistance" ainsi qu'à Gérard Jugnot et son immortelle incarnation d'Adolfo Ramirez).

(Deezer : Heili...Heilo, marche militaire allemande).

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