Train SNCF ou RER A, les rames, le matin comme le soir sont peuplées de ces dormeurs la plupart du temps silencieux. Parfois, vous entendrez chez ces naufragés endormis, quelques ronfleurs et même plus rarement des voyageurs en proie à des cauchemars ou à des rêves, balbutiant dans leur sommeil.
Finissant leur nuit, épuisés par leur journée ou travailleurs de la nuit aux horaires décalés, tous ces naufragés ont pour caractéristique leur total abandon, leur innocence. Sombrant dans l'inconscience, ils se livrent sans plus de défense comme des enfants confiants à un environnement qui les angoisse d'ordinaire. Éveillés, ces naufragés sont méfiants, vérifieront pour certains plutôt deux fois qu'une qu'ils détiennent toujours leur portefeuille, leur téléphone, leur baladeur ou leur ordinateur; plongés dans les bras de Morphée, ils oublient toute prudence, renoncent à leur instinct de préservation, en quelque sorte abdiquent leur personnalité.
Étrange état de naufragés "absents" qui par le sommeil annihilent leurs préoccupations et leurs angoisses, font abstraction de leur environnement et peuvent oublier pour de longs moments le monde et ses tracas.
Moi dormeur au sommeil léger qui me réveille dans mon intimité au moindre bruit, à la plus petite rumeur, je demeure abasourdi par la capacité de certains de mes compagnons d'infortune à trouver le sommeil dans un milieu où les bruits sont omniprésents. Roulement du wagon, portes qui claquent, conversations, musique, rien ne semblent pourvoir troubler cette perte de conscience presque absolue. Nous connaissons tous de ces individus capables d'effectuer des micro-siestes réparatrices mais elles se font généralement dans une atmosphère plus propice.
Une caractéristique commune, donc, mais deux sous-types, le dormeur professionnel, si l'on peut dire, et le dormeur occasionnel. Le dormeur professionnel décide de dormir, se choisit généralement un emplacement favorisant son désir et parvient presque toujours à se réveiller lorsqu'il est temps. Le dormeur occasionnel pour une raison ou pour une autre est saisi à l'improviste par le sommeil, vous le verrez prendre des positions qui relèvent plus du comateux que du dormeur naturel et parfois vous assisterez à son brusque réveil panique soudain conscient de rater son "arrêt". J'en connais même qui le rate, pas trop grave en journée plus ennuyeux lorsque le réveil s'effectue en nocturne à un terminus qui n'est pas le vôtre et qu'il s'agit en fait du "dernier" train !
Le dormeur professionnel vous le repérez vite, c'est celui qui figure en illustration. Impressionnant de maîtrise tel un vieux moine shaolin, bras croisés protégeant son corps et ses possessions, il dort bien droit sans jamais remuer, à tel point qu'un voyageur non averti pourrait être tenté de le toucher pour vérifier qu'il est toujours bien en vie.
Le dormeur occasionnel comme nous l'avons dit est saisi à l'improviste et vous le trouverez dans toutes les positions de sommeil possibles et imaginables, un peu comme ces malheureux pompéiens figés pour l'éternité dans la posture où les cendres volcaniques du Vésuve les ont surpris. Jambes écartées, bouche ouverte, poitrine offerte ou bien au contraire recroquevillés dans une encoignure de fenêtre, la chevelure collée à la vitre crasseuse tels des fœtus et même parfois penchés en avant, la tête presque sur les genoux dans la position que prend le skieur de compétition, ces naufragés sont presque douloureux à contempler. On devine chez eux des tourments qui les apparentent aux damnés de Dante plutôt qu'au nain "dormeur" de Blanche-Neige.
Pour terminer cette description, un dernier point commun, le regard qu'ils ont tous à leur réveil surtout chez les dormeurs amateurs. Surpris, hagards, troublés, encore à demi-inconscients, ces naufragés réveillés se lèvent alors tels des zombis et d'une démarche mécanique mais incertaine sortent du wagon pour gagner des horizons divers et variés.
Certains matins, j'ai parfois le sentiment de me trouver à bord du "Black Pearl" dans les "Pirates des Caraïbes"!
Le dormeur professionnel vous le repérez vite, c'est celui qui figure en illustration. Impressionnant de maîtrise tel un vieux moine shaolin, bras croisés protégeant son corps et ses possessions, il dort bien droit sans jamais remuer, à tel point qu'un voyageur non averti pourrait être tenté de le toucher pour vérifier qu'il est toujours bien en vie.
Le dormeur occasionnel comme nous l'avons dit est saisi à l'improviste et vous le trouverez dans toutes les positions de sommeil possibles et imaginables, un peu comme ces malheureux pompéiens figés pour l'éternité dans la posture où les cendres volcaniques du Vésuve les ont surpris. Jambes écartées, bouche ouverte, poitrine offerte ou bien au contraire recroquevillés dans une encoignure de fenêtre, la chevelure collée à la vitre crasseuse tels des fœtus et même parfois penchés en avant, la tête presque sur les genoux dans la position que prend le skieur de compétition, ces naufragés sont presque douloureux à contempler. On devine chez eux des tourments qui les apparentent aux damnés de Dante plutôt qu'au nain "dormeur" de Blanche-Neige.
Pour terminer cette description, un dernier point commun, le regard qu'ils ont tous à leur réveil surtout chez les dormeurs amateurs. Surpris, hagards, troublés, encore à demi-inconscients, ces naufragés réveillés se lèvent alors tels des zombis et d'une démarche mécanique mais incertaine sortent du wagon pour gagner des horizons divers et variés.
Certains matins, j'ai parfois le sentiment de me trouver à bord du "Black Pearl" dans les "Pirates des Caraïbes"!
Deezer : Extrait de la musique du film "Pirates des Caraïbes".
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