lundi 11 avril 2011

Private joke 2

LE TOUQUET PARIS PLAGE : quelques jours de beau soleil avec un vent vivifiant qui vous fait rougir l'épiderme, voilà ce qu'il fallait au naufragé du RER A pour oublier un instant les lumières artificielles du tunnel métropolitain.
D'autres naufragés ont croisé sa trajectoire. Jeudi et vendredi, des naufragés du grand âge, dans une station balnéaire agréablement déserte, arpentaient avec tranquillité la digue du bord de mer. Le pavement rouge auquel ont été agglomérés des éclats de verre, étincelait et les yeux chassieux de ces vieillards débonnaires clignotaient sous cette lumière aveuglante.
Le samedi, les vieillards s'étaient repliés dans leurs somptueuses demeures bourgeoises, laissant la place aux naufragés du quart-monde de la région, du 62, du Pâs de Câlais. "Affreux, sales et méchants" ? Pas vraiment, plutôt "Groseille", ces naufragés naviguaient côtoyant les jeunes et moins jeunes Le Quesnoy venus de Lille. Ces derniers pique-niquaient sur la plage, leurs tables plantées dans le sable encore propre de ce tout début de saison, recouvertes de nappes blanches et immaculées. Les "jupes plissées" et les "Lacoste" arrivaient dans de belles limousines noires et allemandes, les bras chargés de bouteilles de champagne millésimé, sous le regard goguenard et envieux des "Jojo" aux inénarrables bermudas et aux casquettes vissées à l'envers sur leur crâne obtus. Des Kevin, des Brian, des Cindy et autres Jennifer, couraient de-ci de-là, manquant de renverser les Baptiste, Pierre, Marine et Adélaïde fourrés dans les jupes de leur mère.
Bref et somme toute, un agréable séjour où les facultés d'observation du naufragé du RER A, ont trouvé de quoi s'occuper.

A son retour, le jeu du lecteur de la 1000ème page vue, s'est soldé par la victoire de l'une de nos fidèles membres, Émilie-Charlotte, dont je publie à nouveau ci-dessous, le dernier commentaire. Je ne suis pas certain que ce soit elle mais ça m'arrange, l'autre possibilité étant un lecteur indien mais j'ai trop bon cœur pour gâcher la joie de ce dernier, lui offrant l'ineffable bonheur de mon aller-retour banlieusard et lui imposant du même coup le coup d'un avion Bombay-Paris !
De plus, j'aime ce texte, il introduit une note exotique et ce parfum mystérieux, un peu désuet et légèrement déjanté de Mme Virginia Woolf.

"Je profite du silence du voyageur pour raconter une petite expérience matinale !
Dans une rame de RER à l'arrêt (problème électrique sur le réseau) juste avant Nanterre-Préfecture, légère pénombre... C'est très silencieux, il y a juste une sorte de mélodie arabe, comme une prière. Cela doit venir des écouteurs d'un des voyageurs. Je ne suis pas la seule à avoir remarqué ce son incongru, mon voisin me lance un regard complice !
Mrs Dalloway au Maghreb pourquoi pas !"

Deezer : Muezzin, appel à la prière.

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