mercredi 4 mai 2011

Mercredi 4 mai 2011 - Pina

R.A.S dans le RER A aujourd'hui. Ce soir j'ai fait une pause cinématographique en famille dans ma vie de naufragés (en l'occurrence, nous étions quatre naufragés)..

J'ai été voir le film de Wim Wenders intitulé "Pina". Ce film a été réalisé en 3D pour Pina Bausch, danseuse et chorégraphe allemande, créatrice de l’Ensemble du Tanztheater Wuppertal, décédée en 2009.

Évidemment, il faut aimer la danse et particulièrement la danse contemporaine pour aller voir ce film. Si vous n'êtes pas un spécialiste, ce qui est très loin d'être mon cas, et que vous n'êtes pas un  ballétomane fanatique des numéros de cirque du ballet romantique (malgré toute l'admiration que j'ai pour leurs interprètes), courez voir "Pina", je vous défie de ne pas en ressortir bouleversé. A la sortie, je me suis maudit de n'être jamais parvenu à voir Pina Bausch en "vrai", faute de temps ou de places libres. 
Le film de Wim Wenders plastiquement superbe, se concentre sur de très larges extraits des principaux "ballets" de celle qui aura été sans doute la plus grande chorégraphe du 20ème siècle et de ce début de 21ème, une immense artiste tout court. 
Très peu d'images d'archives de Pina, quelques unes mais sublimes, de très larges extraits des ballets dansés par les artistes de la troupe encore en exercice malgré la mort de la créatrice, de brèves chorégraphies filmées à la "Wenders" dans des lieux improbables dans et autour de Wuppertal et enfin, de très brefs plans des artistes disant quelques mots sur Pina et sur leur histoire apparemment inextricablement liée à la sienne au-delà de sa disparition même.
Si ce petit compte-rendu trouve de mon point de vue toute sa place dans cette chronique des naufragés du RER A, c'est que justement au-delà de la mise en scène, les interventions de ces artistes donnent le sentiment très fort et sincère qu'ils sont eux aussi des "naufragés", la mort de leur "gourou" les laissant irrémédiablement seuls face à eux-mêmes et à leur art.
En parlant des ballets de Pina Bausch, j'ai mis des guillemets. D'autres que moi, les vrais connaisseurs l'on dit, il ne s'agit plus vraiment de ballet, ni même de danse, mais d'une forme d'expression qui vous touche au plus profond. On peut comprendre que si le spectateur est  "pris" aux tripes et au "cerveau" par cet "expressionnisme", les interprètes aient laissé une part de leur âme dans cette affaire.

Un "sacre du printemps" qui pour ma part sans me faire oublier celui de Béjart, m'a "saisi" par sa violence sacralisée et presque terrifiante et surtout un "café Müller" que je me suis juré de voir sur scène si l'occasion se présente, sont pour moi des sommets dans des "pièces" où je n'ai discerner aucun déchet.

Il faut voir ce film en 3D, je n'ai pas vu beaucoup de films avec cette technique d'avenir, mais "Pina" est pour l'instant le seul pour lequel, elle paraît évidente et indispensable.
J'ajouterai pour finir que la bande-son est merveilleuse, mêlant toutes les musiques sur lesquelles Pina Bausch a dansé et fait danser, du classique (la lamentation de la Didon de Purcell dans Café Müller !), en passant par des rengaines allemandes de l'entre-deux guerres et le jazz "nègre" pour finir sur des rythmes de "saudade".

Un petite salle bondée, deux imbéciles gloussant bêtement à côté de moi et partant, heureusement, au bout de trois minutes (le prix de leurs billets était certainement moins conséquent que le niveau de leur connerie) et à la fin, des spectateurs "scotchés" dans leur fauteuil attendant l'extrême fin du générique.

Bref, une très belle soirée.

Deezer : Tatiana Troyanos, lamentation de Didon, Purcell.





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