L'été dans deux jours va succéder à un printemps étrange. Que nous réserve-t-il ? Les saisons passent et le naufragé du RER A les voit défiler au rythme saccadé de la rame qui tel le ressac de la mer l'éloigne et le ramène vers son port quotidiennement. Le printemps c'est une jeune fille entrevue sur le quai au travers de la vitre, un sourire clair qui, même s'il ne vous est pas adressé, vous blesse le cœur de nostalgie et l'imprègne du mystère et de la grâce. L'été se dévêt et la lumière déshabille, les naufragés ont chaud, ils recherchent l'ombre mais ne trouvent dans le métropolitain que l'immuable lueur blafarde des néons.
Adieu donc au printemps inspirateur des poètes, des musiciens et des peintres.
Ouvre la main, desserre les doigts et laisse
Echapper la fleur de neige que tu tenais enfermée.
Pense au flocon de neige que tu lâches au vent en
Plein printemps et pleure sur l'imposture des saisons.
Nul ne peut dire avec exactitude ce qui sera ou ne
Sera pas, ce qui peut ou ne peut pas être.
Seul, toi, dans ton cœur troublé par les coups de sanglots
Mal réprimés, tu pourras glisser une larme sous tes
Paupières entrouvertes et accompagner avec la brise
Glaciale du printemps un flocon de neige qui a
Aussi peu de raison de se trouver là que toi de
Te trouver sur ce chemin.
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