samedi 4 juin 2011

Vendredi 3 et Samedi 4 juin 2011

Le naufragé du RER A s'est offert un break hier et a utilisé son véhicule personnel pour sillonner l'Ile de France.

Pendant que les joueurs de tennis suaient sur les courts de Roland-Garros, que DSK attendaient dans sa luxueuse demeure new-yorkaise son audience du 6 juin, fourbissant avec ses avocats, sa défense, pendant que les syriens priaient pour leurs morts et que "le tout petit monde" français se complaisait dans son délire d'auto-flagellation souhaitant copier toujours avec trente ans retard le modèle moralisateur "américain" et finalement n'espérant qu'une chose connaître le nom de notre ministre pédophile, pendant que l'Église de Scientologie, cette sombre secte, encore le modèle "américain" !, pourrie de fanatisme et d'appétit de lucre se payait le luxe d'attaquer l'Etat français pour ramasser encore plus de pognon, moi, je m'offrais une petite escapade dans un monde civilisé, "d'honnête homme", à cent lieues des miasmes de cette époque sordide et malsaine.

Il est vrai pour que tout fut parfait, j'aurais aimé pouvoir éviter les touristes, les visiteurs de ce "pont" prolongé,  ces classes enfantines  avec leurs professeurs rappelant sans cesse leurs troupes éparpillées en beuglant "Mamadou, Allassan, Philippe", mais il suffisait de prendre du champ pour s'offrir un peu de tranquillité.
Après tout, ces gens étaient aussi  là pour se cultiver et même si le naufragé se mue parfois en un cruel Alceste sans indulgence, il avait pour trait commun avec tous ces visiteurs, de partager l'espoir pour un bref moment de s'évader de son monde actuel.

J'ai parcouru pour la énième fois le parc du Château de Chantilly en ne passant pas toutefois par la visite du château vraiment trop fréquenté ce jour-là.
Avec mon épouse et ma fille nous avons déambulé dans les allées du Parc, puis nous allâmes nous réconforter culinairement dans le restaurant du Hameau qui agrémente cet endroit magnifique tout en son bout. Là sous la tonnelle, nous dégustâmes, d'un bloc de foie gras, d'assiettes du terroir, d'un confit de canard pendant que certains d'entre eux bien vivants se dandinaient entre les tables, cancanant pour réclamer leur part du gâteau. Nous terminâmes par des pains d'épice et des sorbets surmontés d'une crème Chantilly que pour ma part je n'ai jamais goûté que dans cet endroit, un dessert royal à elle toute seule. Le tout était arrosé par un Gaillac rosé fort estimable.

Ensuite vint le temps d'une sieste réparatrice le long du canal puis après une marche tranquille d'une longue pause méditative dans le plus beau site de Chantilly, la Maison de Sylvie, merveilleux et modeste petit château qui abrita un temps le poète Théophile de Viau.
C'est en me récitant un de ses poèmes que mes yeux se fermèrent alors pour un voyage vers un ailleurs plus accueillant que mon quotidien et le lendemain s'il ne fut pas objet d'une escapade, me maintint éloigné, dans ma demeure, de tout naufrage métropolitain.

Ministre du repos, Sommeil père des songes

Ministre du repos, Sommeil père des songes,
Pourquoi t'a-t-on nommé l'image de la mort ?
Que ces faiseurs de vers t'ont jadis fait de tort,
De le persuader avecque leurs mensonges !

Faut-il pas confesser qu'en l'aise où tu nous plonges,
Nos esprits sont ravis par un si doux transport,
Qu'au lieu de raccourcir, à la faveur du sort,
Les plaisirs de nos jours, Sommeil, tu les allonges.

Dans ce petit moment, ô songes ravissants !
Qu'Amour vous a permis d'entretenir mes sens,
J'ai tenu dans mon lit Élise toute nue.

Sommeil, ceux qui t'ont fait l'image du trépas,
Quand ils ont peint la mort ils ne l'ont point connue,
Car vraiment son portrait ne lui ressemble pas.


  (1590-1626) Théophile de Viau

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