Le naufragé du RER A "senior" (plus de quarante-cinq ans, un vieillard quoi…) regarde avec méfiance les "jeunes" de quelque catégorie qu'ils relèvent, poussin, cadet, junior ou espoir par homothétie avec le sport. Ce n'est pas qu'il ne les aime pas ces petits jeunes, seulement il a déjà les siens à domicile et cela lui suffit.
Les" jeunes" recouvrent différentes catégories sociologiques et divers types physiques, je ne me perdrais pas dans les notions de "tribu", je ne suis pas spécialiste. Néanmoins le "senior" observateur et pas trop moisi de cette faune est capable de les identifier parfois avec inquiétude "à certaines heures pâles de la nuit", avec agacement souvent lorsqu'ils pénètrent sa "bulle" et presque toujours avec nostalgie voire attendrissement avec leurs tics, manies, attitudes comportementales et vestimentaires. Attendrissement parce qu'un jour le naufragé "senior" a été jeune lui aussi.
Le naufragé a repéré un type "jeunes" (enfants et adolescents), mais d'autres types les concernent également, cadre, racaille, dépressif, étudiant intello ou non, génération Y notamment et enfin le rebelle qui nous occupe présentement.
Le rebelle se placerait dans la tranche d'âge vingt à vingt-cinq ans, c'est-à-dire celle des "espoirs". A bien le contempler, toutefois, le naufragé ne perçoit pas vraiment l'espoir dans le maintien quelque peu avachi, blasé et légèrement autiste du rebelle.
Le rebelle revendique sa différence généralement en posant ses Paul Smith sur le siège devant lui au grand scandale de la ménagère de moins de cinquante ans. Il est vêtu d'un jean ajusté et d'un polo provenant la plupart du temps de chez Calvin Klein. C'est un marginal retranché dans un univers que personne d'autre que lui ne peut comprendre, le regard rivé obsessionnellement sur son IPhone, l'IPod vissé dans les oreilles, il dégage paresseusement ses pieds de la banquette sur laquelle il les a posés, d'un air dégoûté et offusqué quand un usager veut s'y asseoir.
Le rebelle manifeste sa conscience politique entre Nation et République, parfois à Denfert, prenant soin de ne pas se faire écraser ses Paul Smith par les rangers des CRS. Il a eu sa carte un temps du NPA, mais décidément toujours dégoûté il l'a quitté pour rejoindre le PS en qualité d'étudiant "rebelle" UNEF, il pourra lorsqu'il ne sera plus un "espoir" devenir un "jeune" apparatchik plein de promesse à défaut d'illusions.
La manifestation terminée, le rebelle reprend le RER A pour rentrer chez ses parents chez qui il a l'intention de squatter à son corps défendant encore quelques années. Le rebelle de par son statut social voyage la plupart du temps entre Châtelet- les Halles et Maisons-Laffitte, rarement plus loin dans un sens comme dans l'autre, la rébellion et la marginalité ont leurs limites.
Le rebelle du RER A dit "fuck" à la société et attend impatiemment avril pour exercer sa marginalité en faisant du hors piste à Courchevel.
Le naufragé du RER A "senior" soupire après ces jeunes années et regarde partir le rebelle en regrettant de ne pouvoir le suivre avec son pas au rythme souple et dansant.
Est-ce vraiment le rebelle ce jeune au Paul Smith ? J'y vois plutôt le bobo jeune qui ne se veut pas bobo justement.
RépondreSupprimerLe vrai rebelle "NPA - PS" a un pantalon kaki ou bariolé, un sac militaire en bandoulière, des Converses (!!)... un code vestimentaire bien particulier !
Chère contributrice,
RépondreSupprimermerci pour ce commentaire certainement pertinent. Comme je l'ai dit je ne suis pas spécialiste des "tribus", ma typologie est établie à travers le regard d'un "senior". Dès que je le pourrais, je prendrais en compte votre
remarque.
Encore merci !
La Pérouse