jeudi 14 avril 2011

Jeudi 14 avril 2011 - Venise - Le petit moine

Que se passe-t-il ? Serais-je un de ces naufragés chanceux à qui plus aucune mésaventure n'arrive, je ne peux pas le croire. Il est vrai que j'ai emprunté le train SNCF ce matin, mais ce soir 19h09, je prends une rame du RER A, à l'heure et où je suis assis. Pas d'incidents, pas de retards et pas d'anecdotes sordides et désolantes !
D'un naturel pessimiste, je me dis que tôt ou tard je vais payer ces quelques moments harmonieux.
Alors j'en profite, je lis et j'écoute de la musique. Je note un article du journal le Monde du 14 avril qui parle de Venise (Voir le lien ci-dessous). 

Venise ! Je ne sais plus combien de fois je m'y suis rendu depuis mon enfance jusqu'à aujourd'hui, j'ai perdu le compte, peut-être à  treize ou quinze reprises. J'aime cette ville comme aucune autre, je l'ai sillonnée en long, en large et en travers. Bizarrement j'y suis toujours allé à la saison que les esthètes et les snobs détestent, l'été où la marée des touristes vient se répandre sur la cité comme le flot des inondations hivernales.
C'est que la plupart du temps, j'habitais dans Venise et lorsque les visiteurs s'en repartaient vers leurs lointains dortoirs, moi je restais et je goûtais le crépuscule puis le calme nocturne et parfois la fraîcheur de la nuit après les chaleurs moites, accablantes et soudainement orageuses des journées. Surtout je m'enfonçais dans une Venise encore très populaire qui n'avait rien d'un musée et je participais de la vie foisonnante de ces petits "campi" à l'écart de la foule étrangère, lieux de vie du peuple vénitien.
Par la fenêtre sale  du RER, je contemple la banlieue, ma banlieue qui défile familière mais bientôt se superposent mes souvenirs de la cité des Doges et je m'y engloutis entièrement. C'est comme si j'y étais à nouveau et je me remémore cette petite histoire que j'ai couchée sur le papier il y fort longtemps.
Je le livre ici. Tant pis, lecteur, si je t'assomme, j'avais prévenu, le naufragé du RER A a ses rêves et ses fantasmes. Sans eux comment pourrait-il survivre à la grisaille du quotidien.
Je me souviens ainsi du "petit moine"...

LE PETIT MOINE

 La nuit tombait sur Venise. Un violent orage avait éclaté qui s'éloignait désormais. La pluie avait laissé des mares sur le dallage. Avant qu'elles ne séchassent tout à fait, s'y reflétaient les premières lumières des réverbères, celles des boutiques de souvenirs et aussi celles des guirlandes multicolores des trattorias.
Justement ! Harassée par une journée de visite, je n'aspirais qu'à une chose, m'asseoir, manger et surtout boire ! Marcher dans cette ville prodigieuse en se frayant un chemin à travers la foule des touristes, constitue sans doute l'une des pires épreuves pour une jeune fille éprise de tranquillité et de beauté, mais en plein mois d'août, il n'est guère possible d'échapper à cette presse infernale. Il faut, en fait, attendre le soir, que les "étrangers" regagnent leurs pénates pour vivre véritablement à Venise avec les quelques vénitiens demeurant encore dans ces ruelles antiques. Au terme de mes pérégrinations diurnes, il me fallait donc reprendre des forces avant d'entamer un autre périple mais cette fois-ci nocturne et regagner mon hôtel tout proche de la Salute, c'est-à-dire à l'extrémité opposée de la cité lacustre.
Après m'être égarée de longues minutes dans un labyrinthe inextricable de canaux obscurs et de ponts à la fin tous identiques devant mes yeux hagards, j'étais parvenue, par je ne sais quel miracle, à atteindre l'étape que je m'étais fixée. En effet, telle une oasis dans le désert, s'ouvrait devant moi le Campo San Polo, vaste place avec en son centre le puits habituel. Après le bruit et la fureur des lieux sillonnés en tous sens par la masse, cet endroit représentait un havre de paix. C'était une petite place d'une ville paisible de province, avec ses commerces éparpillés tout autour qui offraient, leurs étalages de fruits et de légumes, leurs tréteaux sur lesquels reposaient des montagnes de pains et de pâtisseries. Il y avait aussi deux bars vendant des "gelati" et dont les quelques tables débordaient sur la place. Des "mamas" fatiguées et affalées y suçaient des cornets de glace en s'éventant de leurs éventails. Au milieu de la place, une nuée de petites filles piaillantes jouaient à la marelle, l'enfer et le paradis parcourant les dalles grises disjointes et parsemées d'herbes folles. Encore plus au milieu, tel un carrousel, des petits garçons braillards, faisaient des tours incessants avec leurs bicyclettes autour du puits central.
Un peu plus loin à l'autre bout du campo, s'ouvrait un passage voûté et mystérieux comme tous les passages voûtés de cette ville mystérieuse. Je décidais de l'emprunter et je débouchais sur un canal sinueux et étroit, bordé d'un côté par une auberge accueillante dont les quinquets rouges et bleus, éclairaient sur l'autre rive, une modeste église. Deux colonnettes se détachaient de son fronton et les trois marches verdies de son porche étaient directement baignées par le doux clapotis du rio. Je m'attablais donc et après m'être désaltérée, j'attaquais un plat de spaghettis succulents mais beaucoup trop gros pour moi. Cette auberge retirée des itinéraires balisés, ne présentait pas plus d'une dizaine de tables et à cette heure encore peu avancée de la nuit vénitienne, seules deux autres d'entre elles étaient occupées par des couples de touristes silencieux. J'arrivais péniblement à la moitié de mon plat, lorsque se produisit cet évènement extraordinaire qui bouleversât pour toujours ma perception du réel et naturellement mon regard sur Venise. Sans que je ne l'aie vu arriver là, je perçus soudain une petite silhouette accroupie et perdue dans l'ombre d'une des colonnettes de l'église. Elle était bizarrement vêtue, me semblait-il, d'un froc de moine dont le capuchon rabattu ne laissait rien voir du visage de ce que je supposais être un mendiant. Les manches très longues et pendantes de l'habit, de la même manière ne permettaient pas de distinguer les mains de l'individu. Puis sans que je puisse déceler le moment où elle apparut, une trompette d'or étincelant prolongeât les manches ballantes et alors monta dans la nuit étoilée la plus ensorcelante, la plus merveilleuse des mélodies que j'ai jamais entendues. La silhouette dressée et faiblement éclairée, jouait divinement de son instrument. Etait-ce un mendiant ou un moine ? Etait-ce un enfant ou un nain ? La silhouette minuscule semblait difforme, mais n'était-ce pas un effet d'optique dû à l'éclairage parcimonieux de l'endroit ? Je ne sais. Toujours est-il que mes voisins de table et moi-même étions sous le charme du musicien dont les notes s'égrenaient magiques, tissant une mélopée nostalgique et déchirante dont j'ai tenté mais toujours en vain de reproduire la trame sur une portée. C'est alors qu'advint l'incident qui devait marquer Venise, cette année-là et dont la presse locale abondamment et la presse nationale fugitivement, firent leurs choux gras. L'un des touristes attablés se leva et voulut prendre une photo de l'artiste, le flash se déclenchât et l'éclair déclenchât aussi à son tour la cascade d'évènements incroyables qui suivirent. La lumière violente surprît apparemment totalement le musicien, il se redressa et releva brusquement la tête comme pris de panique, le capuchon bascula alors, révélant ce qui, sans doute, n'aurait jamais dû l'être, une horrible tête de mort. Tout s'enchaîna dès lors avec la force et la rapidité de l'inéluctable. Le squelette animé laissa tomber la trompette d'or au bas des marches, le touriste puis tous les touristes y compris moi hurlèrent, on entendit derrière nous un fracas de vaisselle brisée, la serveuse s'était évanouie. La tête de mort grimaçante semblait également pousser un hurlement silencieux mais pourtant terriblement audible, puis le squelette pris de folie s'élança et sauta par-dessus le canal atterrissant entre nous, figés comme des statues de sel horrifiées, pour filer ensuite vers le Campo San Polo. Médusée, je vis la trompette d'or que l'on ne retrouvât jamais d'ailleurs, s'abîmer lentement dans les eaux du canal pour disparaître tout à fait dans un chapelet de bulles. Moi, la musicienne envoûtée par la musique de cet instrument unique, j'en aurais pleuré, ne sachant pas encore que le petit moine me laisserait tout de même un souvenir de lui. C'est alors que sans réfléchir partagée entre la peur et la curiosité, je décidais en un instant de suivre le "monstre" dans sa fuite éperdue, dussé-je courir dans tout Venise comme une folle après un fantôme.
Toutefois, les cris que j'entendis alors, me confirmèrent bien qu'il ne s'agissait pas d'un spectre. Déboulant à la suite du petit moine squelettique sur la place, je le vis se faufiler entre les enfants et les "mamas" épouvantés. Déjà la foule, habitants, commerçants et "carabiniers" de passage, se précipitaient à sa poursuite dans un véritable pandémonium de cris et de gestes échevelés d'où surnageaient tous les ustensiles imaginables pouvant servir d'armes, rouleaux à pâtisserie, revolvers, parapluies et j'en passe et des meilleures.
Le moinillon spectral avait une longueur d'avance sur ses poursuivants mais j'étais bien décidée à ne pas me laisser distancer. Coureuse de fond plutôt que sprinteuse, je mesurais bien mes respirations et c'est ainsi que durant plus d'une heure, je pus suivre le rythme de cette course effrénée qui me fit revisiter Venise et certains de ses sites d'une manière que je n'aurais jamais osée rêver. Pour paraphraser Corneille, nous étions partis plusieurs dizaines du Campo San Polo et d'autres personnes s'agrégèrent à notre cortège diabolique au fil du parcours. Cependant, à l'issue de cette poursuite infernale, je me retrouvais toute seule. Un jeune carabinier au physique avantageux et aux muscles bien découplés, dont je soupçonnais d'ailleurs qu'il était beaucoup plus intéressé par moi que par le "monstre", me suivit jusqu'à l'avant-dernière étape du circuit mais fut en définitive éliminé avant le terme d'une façon que je conterai plus loin.
Mais j'anticipe et je n'en suis qu'au début. Le petit moine courait toujours et nous conduisit par une multitude de ruelles vers le Pont du Rialto. La cohorte des poursuivants s'était déjà bien clairsemée, le régime alimentaire à base de pâtes de beaucoup d'entre eux, étant incompatible avec cet intense effort sportif. La montée du Rialto bien que douce fut à nouveau fort sélective essentiellement à cause du goulot d'étranglement que ce pont constituait. Il était en effet noir de monde même à cette heure, des nuées de touristes s'agglutinaient telles des mouches autour des vitrines des magasins qui le bordaient de part et d'autre. Arrivée à son sommet, l'apparition cauchemardesque eut un effet dévastateur provoquant une mêlée indescriptible au cours de laquelle de nombreuses personnes parvinrent malheureusement au terme de leur vie. Au milieu du pont se retrouvèrent nez à nez, le squelette et un groupe de touristes new-yorkais aux atroces chemises bariolées. L'horreur résidait dans les deux camps, si l'on peut dire, le sac d'os fit volte-face mais le passage était barré dans les deux sens.  Il tournoyait sur lui-même, hésitant sur la direction à prendre. Cette hésitation fut fatale aux poursuivants immédiats qui dans un mouvement de recul incontrôlé s'abattirent comme un château de cartes sur le deuxième rang et ainsi de suite jusqu'en bas du pont. Il y eut là un certain nombre d'écrasés et d'étouffés. Vers le haut ce ne fut pas mieux. Se décidant finalement à foncer de l'avant, le petit moine s'engouffra, tel un juif dans la Mer rouge, au sein du groupe de touristes américains. Affolés ces derniers refluèrent comme les flots de cette dernière sur les côtés et débordant par-dessus les balustrades, tombèrent dans les eaux du grand canal, tels des fruits trop mûrs s'écroulant en grappes confuses. Un vaporetto qui arrivait à grande vitesse tentât d'éviter les malheureux naufragés dont seules les têtes dépassaient des flots noirs. En réalisant cette manœuvre, le bateau, hélas, percuta de plein fouet un train de gondoles remplies de japonais hilares qui ne comprirent jamais ce qui leur était arrivé du moins pour les survivants. Le gondolier de tête éclata littéralement sous l'impact de l'étrave, le ténor qui juste derrière lui allait atteindre pour une fois son contre-ut sans trop de problème, eut également sa carrière brisée nette. Le vaporetto, quant à lui, finit sa course en percutant la rive droite du Grand Canal, éventrant sa coque, aplatissant du même coup au passage les terrasses de quatre restaurants huppés avec tous ses dîneurs, pour couler corps et biens un peu plus loin.
Je crois bien, que cette catastrophe du Rialto, constituât le véritable point d'orgue de cette soirée terrible et mémorable pour la cité des Doges. Un bon nombre des poursuivants du Campo San Polo ne franchit jamais ce pont, vivant, certains d'entre eux abandonnèrent, là, leur poursuite pour porter secours aux rescapés du drame. De telle sorte que des poursuivants initiaux, ils ne subsistaient plus que le beau carabinier et moi-même. D'autres prenaient le relais et nous recommençâmes la poursuite un moment interrompue, avec eux. Dans la panique générale, j'avais tiré mon épingle du jeu, je ne savais pas si je pouvais rééditer cet exploit, aussi je me promis d'être plus prudente.
La course continuait donc, avec son cortège d'accidents, de cris, de larmes et d'effrois. Encore des ruelles, des ponts et des canaux, puis nous arrivâmes au pied d'une magnifique église toute blanche dont j'ai su depuis qu'elle s'appelait Santa-Maria dei Miracoli.
 Pour elle, cependant il n'y en eut pas. Comme par enchantement, le "monstre" pénétra dans l'église sans qu'il nous soit possible de le suivre, les portes étant apparemment hermétiquement closes à tout autre que lui. Puis au bout de quelques minutes, une énorme explosion retentit, la coupole de ce chef d'œuvre de l'art se souleva, des éclats de verre retombèrent comme des confettis tout autour de nous, des flammes commencèrent à s'échapper de la coupole détruite, des pigeons qui dormaient dans celle-ci s'envolaient pour finalement s'abattre totalement rôtis à nos pieds. Enfin, les portes de l'église s'écroulèrent avec fracas, livrant le passage à un prêtre dont la soutane était en feu et qui criait comme un damné avec à ses basques le petit moine gesticulant comme tout doit sorti d'une "danse macabre". L'assistance un instant saisie, s'ébroua et se reprît mais un peu tard, moi j'avais déjà repris ma course. Nous passions à présent sous les fenêtres de l'église San Giovanni e Paolo, mais le petit moine volait toujours infatigable dans sa fuite. Je courais à perdre haleine et c'est finalement, accompagnée du seul beau carabinier, que j'arrivais presque sur les talons du "monstre", sur la riva degli Schiavoni et la lagune grande offerte.
Le petit moine avait réussi à rabattre son capuchon, de telle sorte que la foule des touristes et des vénitiens qui se promenaient ou vaquaient à leurs affaires, ne voyaient qu'une personne de petite taille courant étrangement vêtue mais sans plus. Par contre, leur intérêt fût éveillé lorsqu'ils virent une jeune fille rouge et essoufflée qui semblait vouloir rejoindre un enfant en fuite, poursuivie elle-même par un homme hagard, en sueur, dont les habits noircis laissaient encore échapper des flammèches. On le prît pour un fou, pire pour un pervers et des gondoliers au repos s'interposèrent entre lui et la jeune fugitive, le beau carabinier roulant sur le sol et disparaissant sous un faisceau de rames.
Je ne sus tout cela qu'après coup, je courais toujours sans me retourner. Je laissais derrière moi le Danieli, puis à notre droite, j'entrevis le Pont des Soupirs, enfin, se dressait devant moi le Lion de Saint-Marc sur la Piazzetta. La colonnade du Palais des Doges ouvrait ses arcs obscurs dans la nuit vénitienne comme des gueules noires de Léviathans échoués, une petite musique vulgaire sourdait des cafés invisibles de la célèbre place comme une insulte jetée à la Basilique et à ses musiques d'éternité. La lagune, derrière moi s'agitait paisiblement et délivrait une brise rafraîchissante. Le petit moine se tenait, immobile, à l'orée d'un des arcs de néant, le visage encapuchonné tendu vers le ciel étoilé comme à l'écoute d'une musique audible de lui seul. J'étais fascinée et paralysée, incapable du moindre mouvement alors que j'avais poursuivi cette apparition plus d'une heure dans d'invraisemblables circonstances et que j'avais peut-être une explication à portée de main. Subitement, le squelette se remit à bouger, et je suis certaine que c'est moi, alors, qu'il regardait. Toute frémissante, je sentis, ne me demandez pas comment, peser sur moi le regard d'ombre du petit moine. Je compris qu'il voulait me dire quelque chose, mais quoi ? Je ne l'ai jamais su. Un nuage passait devant la pleine lune, plongeant la place dans la nuit, j'attendais qu'il passe pour renouer mon dialogue muet et fantastique avec le petit moine. Le nuage passât, le petit moine avait disparu comme volatilisé.
Avec crainte et hésitation je me rapprochais du lieu de la disparition, il n'y avait plus rien. Puis, j'entendis un bruit de percussion, mon pied avait buté sur un objet qui traînait là. Un rayon de lune éclairait l'os parcheminé d'une phalangette d'index encore munie d'un ongle à la corne jaunie, un index qui sans doute avait distillé une musique céleste. Je le ramassais malgré ma répulsion première et le serrant dans un mouchoir, je regagnais mon hôtel de la Salute...
C'est en contemplant ce petit bout d'os que je finis d'écrire la présente histoire. Malgré tous mes efforts,  je n'ai jamais pu savoir qui avait été ce petit moine ni s'il avait voulu me dire quelque chose.
Tout ce que je sais, c'est que je l'ai vu et qu'en le voyant, mes certitudes en ont pris un coup, la vie à Venise ou ailleurs est pleine d'étrangetés, il faut seulement ouvrir les yeux.
Ces évènements sont oubliés aujourd'hui, ils ne datent pas pourtant de si longtemps, mais tout cela n'est pas bon pour le tourisme, il valait mieux parler d'accident ou d'hallucination collective. Santa-Maria fut restaurée et entre-temps, le Théâtre de la Fenice a brûlé, ce qui a autrement marqué les esprits du monde entier.
Pourtant je sais que je n'ai pas rêvé et à certaines heures de la nuit, j'entends encore la trompette d'or résonner comme un cadeau de ce petit moine qui a traversé un instant de ma vie.
Deezer : Empire brass, Gabrieli

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