samedi 16 avril 2011

Vendredi 15 avril 2011 - Les joies de l'informatique

Apparemment de multiples incidents ont émaillé cette journée aussi bien pour le RER que pour la SNCF. C'est toujours pareil, chaque naufragé vit son naufrage qui ne sera pas le même que celui de son compagnon d'infortune dans un autre lieu et à une autre heure.

En ce qui me concerne, un concours de circonstances a fait que j'ai emprunté le train SNCF, matin et soir aujourd'hui. Je n'ai pas eu de problèmes, j'ai simplement été témoin à la Gare Saint-Lazare d'un incident vers 19h00 que je n'avais pas encore eu l'occasion de rencontrer.
Arrivé dans le hall, mon regard se porte instinctivement sur les panneaux d'affichage, les immenses qui répertorient tous les trains en partance comme ceux qui donnent à l'entrée de chaque quai, la destination particulière affectée à ce quai.
Et là, le sentiment de contempler "la ligne bleue des Vosges" ! Que du bleu, en effet, sur tous ces panneaux avec la mention "affichage hors service suite à un incident du système". Ce sont donc des speakers qui se relayant font au micro les annonces de départ pour tous les trains ! Sur le terrain, un nombre important d'informateurs revêtus d'uniformes  différents en fonction de leurs rôles et de leur importance avec, cependant, une caractéristique commune, la couleur de leur peau. Ce sont tous des noirs, hommes et femmes, africains ou antillais, ce n'est plus Saint-Lazare mais la gare de Ouagadougou ! Il fallait cet incident pour que je m'aperçoive qu'après les hôpitaux, la Poste, les livreurs de pizzas, les maîtres-chien, les moyens de transport étaient devenus, du moins, pour les emplois subalternes, un débouché professionnel pour nos amis des anciennes colonies de l'Afrique de l'Ouest et de la France ultra-marine.
L'asenseur "social" fonctionne tout doucement donc. Jadis, ils étaient la main d'oeuvre favorite des services de voirie et des entreprises de travaux publics et toujours dans les emplois de manoeuvre de base. Ils sont montés d'un cran. Je raisonne sur la "masse", car il y a toujours des "noirs" dans les tâches les moins gratifiantes comme il y en a de plus en plus à un niveau supérieur, cadres, enseignants et professions libérales.
En marge du système, une population sociologique recrute également parmi ces citoyens, la "caillera", que je décrirais une autre fois dans ma typologie !
Soudain, la voix du speaker me sort de ma torpeur anthropologique, "le prochain train pour Cergy-Le-Haut, partira de la voie 5". La foule se précipite en bon ordre. La force de l'habitude m'a imprimée les horaires dans les replis de mon cerveau, je sais qu'il s'agit du 19h07 et le train part exactement à l'heure fixée.
Pas de problèmes de trajet. Arrivée à 19h30 à Maisons-Laffitte. Je remonte à pied jusqu'à mon domicile non sans avoir fait un passage par la boulangerie et c'est quatre "baguettes" sous le bras que j'effectue mon chemin sous le regard fatigué d'une famille de touristes anglais ou américains, sans doute logés au camping de la ville, quelque peu désorientés et cherchant quant à eux une épicerie (grocery). Ils contemplent tous ces français sortant de la boulangerie, la "baguette" correspondant bien à leur "cliché" du français moyen, déçus quand même que ce dernier ne porte pas en sus le fameux béret basque !
Nous sommes toujours et tous à un degré ou à un autre, la créature exotique de quelqu'un !


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