RAS dans le RER A et rien non plus pour le B et la SNCF, mais peut-être que d'autres ont éprouvé des problèmes aujourd'hui.
Or donc en l'absence d'incidents marquants, c'est un coup de cœur littéraire que le naufragé du RER A, livre ce soir. D'ordinaire je "recommande" les livres que j'aime sans trop m'étendre mais je fais une exception eu égard à l'oubli dans lequel a sombré Jean-Pierre Martinet, écrivain maudit dont on pourrait penser qu'en ces temps où l'on publie tout et n'importe quoi, il aurait connu la gloire s'il n'était pas mort malheureusement en 1993.
L'Arbre à lettres est une "chaîne" de quatre librairies à Paris, des librairies qui méritent encore cette dénomination.
Celle que je fréquente dans le 14ème à Paris, recommandait, il y a peu, la lecture d'un roman de Jean-Pierre Martinet, paru en 1978 confidentiellement et réédité tout aussi confidentiellement en 2009 (Éditions Finitude), le titre de ce roman "Jérôme".
Vorace et rapide lecteur, j'aime sortir des sentiers battus et compte tenu de la qualité française littéraire aujourd'hui, il y a intérêt à en sortir et la plupart du temps c'est du côté de la "littérature étrangère" que mes goûts me portent".
Avec "Jérôme" dont le patronyme est "Bauche", je puis dire, après apparemment un certain nombre de lecteurs qui forment sans doute un cercle lui aussi restreint et confidentiel, que j'ai été vraiment saisi par la puissante noirceur d'un écrivain qui n'a écrit que quatre romans et quelques récits plus brefs, durant sa brève existence (1944-1993).
"Jérôme" c'est un désespoir immense aux portes de la folie dans un Paris "dostoïevskien" mais la rédemption en moins. Un univers glauque mais dans lequel par moment et je ne saurais dire pourquoi, il me semble que le Raymond Queneau de "l'instant fatal" mais aussi des "fleurs bleues" aurait pu se retrouver.
Dans ce livre on y rentre sur la pointe des pieds, interrogatif. A la cinquantième page vous pouvez soit décrocher soit vous pendre, vous pouvez aussi vomir ou vous boucher le nez. A la soixantième page si vous êtes encore là, vous découvrez le "monde" de Martinet et vous vous laissez embarquer dans une histoire dont vous ne sortirez pas indemne à moins d'avoir la sensibilité d'un tambour.
Inutile de dire que faisant partie des survivants à l'issue de cette "descente aux enfers", je me suis précipité chez mon libraire pour commander les trois autres romans et tout le reste (voir lien ci-dessous http://www.finitude.fr/auteurs/martinet.htm).
La noirceur se confirme (description d'une rue Froidevaux d'une autre époque, premier cercle de l'Enfer de Dante, que je fréquente quotidiennement !) , mais j'y retrouve également un magnifique style envoûtant et poignant.
Dieu que cela fait du bien de savoir que la littérature française ou francophone peut nous offrir autre chose que les Beigbeder ou Nothomb alignés dans les supermarchés de la culture (?) juste à côté du rayon "boucherie".
La prochaine rentrée littéraire française sera sans doute égale à elle-même c'est-à-dire à zéro (les perles sont vraiment rares) et j'incite tous ceux pour qui lire constitue un plaisir, une réflexion, une découverte et non de la "masturbation intellectuelle" ou l'achat d'un bouquin uniquement destiné à se protéger de la pluie ou du soleil, à déguster "Jérôme".
La vie de Jean-Pierre Martinet bien que différente et bien que leurs livres relèvent d'une inspiration propre à chacun d'entre eux, m'a fait souvenir de celle de John Kennedy Toole, suicidé en 1969 et prix Pulitzer à titre posthume en 1981 pour son inénarrable OVNI littéraire, "la conjuration des imbéciles".
Réflexion faite c'est peut-être parce qu'une autre conjuration des imbéciles, celle de notre critique littéraire et de nos professionnels du "prêt à penser", nous ont privé pendant tant d'années de la richesse de tels écrivains !
(Deezer : Les Garçons Bouchers, un verre).
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