Dimanche 1er mai 2011 - Le temps du muguet

Dans les années 50, un chanteur populaire français, Francis Lemarque réadaptait une mélodie russe et commençait la chanson qui donne son titre à ce message par "il est revenu le temps du muguet...".

Vous, je ne sais pas, mai moi aujourd'hui en ouvrant le Monde électronique, j'avais envie de chanter autre chose:  "Tout Fout l'camp !"

Nous sommes maîtres de la terre
Nous nous croyons des presque Dieu
Et pan ! le nez dans la poussière
Qu'est-ce que nous sommes : Des pouilleux

[Refrain] :

Et là-haut les oiseaux
Qui nous voient tout petit, si petits
Tournent, tournent sur nous
Et crient : Au fou ! au fou !

Nous nageons tous dans la bêtise
Et l'on invente des drapeaux
On met des couleurs aux chemises
Sous la chemise y a la peau

[Refrain]
 

 Écoutez le monde en folie
Vive la mort, vive la fin
Pas un ne crie vive la vie
Nous sommes tous des assassins
 
[Refrain]

Et toute la terre qui gronde
Bonne saison pour les volcans
On va faire sauter le monde
Cramponnez-vous, tout fout l'camp !

Et là-haut les corbeaux
Qui nous voient tout petit, si petits
Tournent comme des fous
Et crient : A nous ! A nous !

La vie pourrait être si belle
Si l'on voulait vivre d'abord
Pourquoi se creuser la cervelle
Quand y a du bon soleil dehors !

Deezer : Damia, Tout Fout l'camp ! (Raymond Asso, 1939)

Demain je vais reprendre mon RER A "comme d'habitude" mais avant "d'éteindre la lumière" et de prendre des forces en dormant cette nuit pour affronter mon quotidien, les mots et les images du "Monde" défilent dans ma tête : Ce débat inepte sur les quotas dans le football aussi bien sur les propos que sur la manière dont ils sont exploités; un fils de Kadhafi qui meurt à Tripoli, une petite fille de dix ans qui se fait déchiqueter à Marrakech; une Marine Le Pen qui s'approprie Jeanne d'Arc (qui lui accorde le droit d'ailleurs d'utiliser cette statue comme elle le fait,!) et se pose en "combattante de la France libre" et nous parle de Printemps, injure vivante à celui qui s'immola par le feu, place Venceslas à Prague, pour protester contre ceux qui lui avaient volé son printemps et sa jeunesse; la censure à la télé publique; des "hommes d'Etat (?)" qui s'interrogent sur l'intérêt de l'immigration en oubliant les sénégalais de Verdun, les algériens de Monte-Cassino et les ouvriers Sonacotra des années 60; un pape qu'on béatifie pour en faire un argument de vente; un couple royal à faire vomir dont on espère que leur nuit de noces va se dérouler très loin, à Marrakech peut-être ?; un ministre qui ose encore nous dire qu'il veut faire baisser le chômage comme s'il avait une quelconque influence sur un des patronats les plus rétrogrades de la planète;des syriens qui se font massacrer et dont tout le monde se fout; des japonais dont on ne parle plus, attendons le prochain tsunami ! et pour finir, des fascistes italiens qui feraient presque passer Berlusconi pour un individu recommandable.

Bref, je ne sais pas si cela sera une nuit de repos, tout cela ressemble plutôt à un cauchemar.  Toute cette merde décidément  me gâche le parfum du muguet, qu'elle soit nationale ou internationale.
Mais comme je suis français, c'est à ce pays dans lequel je vis que je pense d'abord et je me remémore       ce vers d'Eluard   "Ô ma France ! Ô ma délaissée !" (Les ponts-de-Cé).
Allons ! J'éteins la lumière et je ferme les yeux en repensant à cette merveilleuse formule de notre Rabelais du 20ème siècle, Frédéric Dard, qui faisait dire à l'un de ses héros, patriote mais lucide et placé dans la situation de devoir exalter son pays devant des étrangers ne comprenant rien à sa langue :
" Vive la raie biblique, Vive la Fange !".