Le préavis court jusqu'à demain matin. Aussi parler de "levée" est un peu prématuré de ma part. Le mouvement social perturbe encore à cette heure le trafic, tant pis pour les noctambules dont je fais partie souvent, tant pis pour ceux qui partent travailler et encore tant pis pour ceux qui vont revenir à point d'heure, épuisés après une journée épuisante de labeur.
Moi, je suis de ces privilégiés qui ont quitté le "bureau" plus tôt pour regagner mes pénates à un heure correcte sans trop galérer.
Mais je gage que passée la résignation, une sourde rancœur saisit beaucoup de mes compagnons de naufrage. Même ceux qui font semblant de soutenir la cause des grévistes, doivent quelque part avoir des bleus à l'âme.
Pour ma part, je viens de consulter à nouveau le site de la CGT-Métro, il y est proclamé que la direction de la RATP manque de considération à l'égard de ses personnels. La considération, le mot magique est lâché. Et bien... comme naufragé, j'aimerais que les personnels de la RATP marquent une certaine considération à mon égard, pauvre voyageur. Diantre ! Ces personnels ne peuvent-ils pas imaginer d'autres formes d'action ?
C'est sans doute trop exiger de mouvements syndicaux aussi innovant que nos partis politiques, triste constat.
Ce matin donc, je pars un peu plus tôt. Sur le quai est annoncé un RER pour 8h10 et un train SNCF pour 8h13. J'hésite mais le RER arrive à 8h07 et sa destination affichée est normale allant jusqu'en bout de ligne.Aussi, je monte. Erreur ! Certes, l'interconnexion est assurée à Nanterre-Préfecture mais parvenu à la Défense, le conducteur de manière brève et comminatoire indique "ce train ne prend plus de voyageurs, tout le monde descend, prendre la correspondance métro". Le conducteur fait-il partie des réquisitionnés, s'agit-il d'un "malgré nous" et non pas d'un "jaune" ? Toujours est-il que le naufragé légèrement parano peut-être ressent dans le ton de cette annonce, une joie mauvaise pour ne pas dire comme une pointe de sadisme.
Le troupeau descend et piétine pour prendre les escalators qui vont le mener vers la ligne de métro n°1 "Château de Vincennes". La première vague de naufragés submerge le quai bondé. Des agents de la RATP nous bloquent et nous interdisent d'aller plus loin pour permettre à cette première vague de s'écouler.
Tension. "Alors qui c'est qui va nous faire un bon pour signaler notre retard" dit l'un, "C'est scandaleux vous nous empêcher de travailler" râle un autre. La voix de la raison se fait alors entendre ou bien est-ce celle de la bêtise, de la lâcheté, de la démagogie et de la résignation la plus veule "Arrêtez de gueuler, eux ils sont là, ils bossent, c'est pas à eux qu'il faut s'en prendre". Certes...
Un grand black passe outre et rompt la chaîne "ratpiste". C'est inutile, la prochaine rame arrive à quai et nous montons tels des moutons dans l'enclos.
Je pourrais descendre à Charles De Gaulle - Étoile et emprunter la ligne n°6. Mais j'ai une envie irrépressible de remonter à la surface. Je préfère attendre quelques stations de plus et descendre à Palais-Royal - Musée du Louvre pour attraper un bus.
Il fait beau, peu de circulation, une légère brise, je ne suis pas pressé. En termes de bus je peux prendre le 21, le 27 ou le 68 (celui que je prends souvent le soir au retour), ils offrent tous de magnifiques parcours "touristiques". Je choisis de prendre le 68, il m'évite de changer à Luxembourg, il m'emmène directement à Denfert-Rochereau (Cour du Louvre, Musée d'Orsay, Bd St-Germain des prés, Bd Raspail).
Arrivée dans l'univers professionnel à 9h35, moi je n'ai pas besoin de "billet" de retard.
Ce soir, au lieu du bus je prends le métro, ligne 4 bondée puis la ligne 14 automatisée. Je préfère éviter le RER totalement aléatoire et prendre le train SNCF à la Gare St-Lazare, je me prive de ma petite escapade du vendredi à la FNAC, c'est plus prudent. Tout se passe bien et j'arrive à Maisons-Laffitte, vers 18h10. Un rêve !
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