lundi 23 mai 2011

Lundi 23 mai 2011

                                          (Remerciements à Yves François pour ce dessin)


RAS dans le RER A ce matin. Il faisait moite, sensation d'étouffement, arrivée à Auber et là encore une fois, c'est de plus en plus souvent, l'urgence, comme un plongeur qui ne sait plus bien où il est, de remonter à la surface. Je suis descendu de la rame et même si j'ai perdu du temps, j'ai préféré poursuivre mon chemin en prenant l'autobus 27.
Ce soir, chaleur et avant de  replonger dans les souterrains, j'ai fait un détour par le Jardin du Luxembourg. Jardin cher à mon cœur, quand j'y songe de ma naissance et probablement jusqu'à ma mort, il m'aura accompagné à chacune des époques de ma vie. Enfant, adolescent, père et aujourd'hui à la maturité, qu'il soit frais au soleil du printemps, étouffant à celui de l'été, merveilleux dans les brumes dorées de l'automne ou solitaire dans la bise hivernale, ce jardin est un vieil ami, un vieux compagnon, idéal lieu de repos et de méditation pour un naufragé.
Je me suis assis à l'ombre d'un arbre et j'ai regardé avec envie les enfants qui couraient et avec tendresse un jeune couple qui s'enlaçait sur une pelouse. Tout jeune lycéen je regardais souvent avec convoitise ces couples qui se livraient à des activités amoureuses que je n'osais pas encore imiter, plus tard j'ai été à leur place, aujourd'hui je regarde et je me récite ces vers de Gérard de Nerval :

Elle a passé, la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau
À la main une fleur qui brille,
À la bouche un refrain nouveau.
C'est peut-être la seule au monde
Dont le cœur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D'un seul regard l'éclaircirait !
Mais non, - ma jeunesse est finie ...
Adieu, doux rayon qui m'as lui, -
Parfum, jeune fille, harmonie...
Le bonheur passait, - il a fui ! 
( Une allée du Luxembourg - Odelettes)

Puis je m'en suis allé rejoindre la cohorte des naufragés et je me suis mis en bandoulière ma mélancolie comme les soldats débandés de toutes les batailles perdues lorsqu'ils ont laissé tomber les armes pour ne plus porter que leur musette.

Deezer : Cora Vaucaire, trois petites notes de musique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire