Vendredi RAS le matin, j'ai pris le train SNCF. Le soir, apparemment des compagnons naufragés m'ont indiqué qu'il y avait eu de sérieux problèmes sur le RER A. Beaucoup d'annonces contradictoires pour que finalement plus aucun RER ne puisse accéder à Cergy. Descente obligatoire à Sartrouville et correspondances à trouver selon les talents de débroullardise des passagers, autre RER, train, bus ou coup de téléphone aux proches pour que l'on vienne les chercher en voiture.
Cette cascade d'incidents explique sans doute que ne reprenant le RER à Charles de Gaulle - Étoile que vers 21h30, le quai était tout de même noir de monde, deux places assises se libérant toute fois à la Défense. Parcours sans encombres, de la chance donc, d'autant que ce retour sans anicroches concluait une agréable pause culturelle et culinaire pour le naufragé du RER A.
En effet si ce message mentionne "deuxième couche", c'est qu'abonné "Sésame" au Grand Palais, je peux pour quatre expositions, y aller autant de fois que je veux accompagné de la personne de mon choix. Seul inconvénient mais en est-ce un, l'obligation de faire l'exposition plusieurs fois. J'avoue que l'exposition sur les "paysages romains" au XVIIème siècle m'a laissée quelque peu du même marbre que ceux des monuments pourtant magnifiquement peints par le Lorrain dans ses ports idéalisés au soleil couchant et qu'une fois m'a suffit.
Par contre l'exposition que j'ai visitée pour la deuxième fois vendredi et que je visiterai sans doute une troisième la semaine prochaine est passionnante , je la recommande, elle a lieu jusqu'au 23 juin.
Il s'agit de l'exposition Odilon Redon. Il n'y en avait pas eu depuis cinquante à paris et surtout sont exposés de manière très exhaustive le cœur de son art, ses dessins au fusain, ce qu'il appelait ses "noirs". Beaucoup de pastels souvent magnifiques et dont certains sont célèbres et quelques peintures à l'huile dont je ne peux pas dire en ce qui me concerne qu'elles soient les plus représentatives du génie de cet artiste.
Beaucoup de séries de dessins, car Odilon Redon aimait "illustrer", Flaubert, Poe, hommage à Goya mais aussi des suites dues à sa seule inspiration.
Une inspiration étrange parfois symboliste, précurseur d'une certaine forme de surréalisme, mais une inspiration personnelle très en avance ou du moins très décalée par rapport à son temps (1840-1916). Il a certainement inspiré nombre de dessinateurs, je pense à en particulier à Topor mais à bien d'autres aussi.
Manifestement cette exposition n'attire pas les foules, très peu de monde la première fois, un peu plus la deuxième. Ceux qui viennent le font apparemment en connaissance de cause, cependant quelques égarés, quelques naufragés de la culture qui visitent pour ensuite pouvoir étaler leur savoir autour d'une table de bridge et des petits gâteaux. Les pauvres feraient mieux de visiter l'exposition sur le paysages romains, ils semblent en effet fortement perturbés et "dépassés" par cette exposition Redon.
Anecdote : les hasards de le visite m'ont fait suivre un de ces couples de bons bourgeois parisiens dont la culture est quelque peu non pas restreinte mais disons conformisme (un petit coup de Monet pour faire bien, la musique qui s'arrête à Carmen et encore, cette cigarière est tellement vulgaire, ma chère, et pour qui la "bicyclette bleue" de Régine Desforges constitue le summum de la littérature). Naturellement, la dame d'un certain âge tout à fait digne d'illustrer (c'est le cas de le dire) ma "bourgeoise" de la typologie du naufragé, tombe en arrêt sur une "huile" représentant la demeure natale de Redon, facture très classique et sans grand intérêt et s'extasie "ah oui ça alors c'est beau". Il faut dire qu'elle venait de terminer la première salle et qu'elle devait déjà se sentir légèrement déstabilisée. Cette "huile" toute simple était là pour faire la transition avec la deuxième salle où les fameux "noirs"prennent une ampleur d'inspiration toute particulière. Notre malheureuse bonne bourgeoise en fait le tour, avec les yeux d'une poule qui aurait découvert un couteau, je la croise à nouveau et au passage je l'entends dire à son mari, fort silencieux, "décidément, ce Redon, ce devait être un tordu, il devait avoir de sérieux problèmes psychologiques !"
Magnifique illustration (encore une fois) de ce que la bourgeoisie française peut engendrer de plus parfait dans la bêtise, le sectarisme et la suffisance.
Mais à mon compagnon de visite et à moi-même, cela ne nous pas sapé le moral, avant de rentrer dans notre banlieue, nous avons fait un détour par un petit restaurant que j'aime beaucoup, avenue Rapp, "le Sancerre". Terrine maison, assiette sancerroise, andouillette au couteau, omelette fourre-tout et un petit crottin de Chavignol arrosés d'un Sancerre rouge servi frais, nous permirent de conclure très agréablement cette pause culturelle des naufragés du RER A.
Magnifique illustration (encore une fois) de ce que la bourgeoisie française peut engendrer de plus parfait dans la bêtise, le sectarisme et la suffisance.
Mais à mon compagnon de visite et à moi-même, cela ne nous pas sapé le moral, avant de rentrer dans notre banlieue, nous avons fait un détour par un petit restaurant que j'aime beaucoup, avenue Rapp, "le Sancerre". Terrine maison, assiette sancerroise, andouillette au couteau, omelette fourre-tout et un petit crottin de Chavignol arrosés d'un Sancerre rouge servi frais, nous permirent de conclure très agréablement cette pause culturelle des naufragés du RER A.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire