Ce soir, arrivée à la station Auber à 18h55.
Les panneaux d'affichage électronique sont repérables de loin pour le naufragé du RER A, dès la descente des escalators et avant même les portillons d'accès. Les horaires et les destinations des trains s'inscrivent en lettres blanches sur fond bleu. C'est la normalité rassurante pour le voyageur qui sait qu'il pourra regagner son domicile en toute quiétude. Malheur ! S'il apparaît la couleur maudite, orange, en bas de l'écran, c'est la couleur des emmerdements, garantie de problèmes et de retards. C'est le cas lorsque j'arrive "Avarie au matériel roulant à Noisy, trafic perturbé en direction de Cergy et de Poissy".
Une annonce sur le quai confirme à 19h00, prévoyant le fin de la perturbation pour 19h40, luxe de précision à défaut d'assurance de régularité. Plus la RATP ne peut faire face à ses obligations, plus elle se démène pour informer, généralement mal d'ailleurs.
19h01, une rame rentre à quai mais pour Cergy, c'est à dire sans arrêt pour Maisons-Laffitte avec changement à Sartrouville pour prendre un train SNCF m'amenant à bon port.
J'hésite, un train est annoncé pour Poissy mais il est retardé. Alors, je préfère profiter de l'occasion quitte à me payer un changement.
Tout le trajet jusqu'à destination se fera bien sûr en position verticale. Il y a du monde mais c'est tenable.
Nanterre-Préfecture (interconnexion), le conducteur de la rame, une fois n'est pas coutume, très courtoisement annonce d'une voix calme et rassurante le départ prochain et la confirmation de la destination. Les passagers surpris, agréablement, ont le sentiment d'entendre la voix d'un steward à bord d'un vol long courrier. Pour un peu, on attendrait que les hôtesses passent parmi nous distribuer des boissons fraîches et des oreillers pour la nuit !
Changement à Sartrouville, 5 minutes d'attente pour voir entrer en gare non pas un train SNCF mais un RER quasiment vide (mystère de nos sociétés de transport).
Au final, 35 minutes de trajet et somme toute un jour ordinaire, peut-être même plus faste que les fois où tout est sensé fonctionner très bien.
Il faut préciser qu'arrivé à Maisons-Laffitte, le naufragé comme ses compagnons d'infortune, n'en a pas terminé avec ses pérégrinations.
En effet, il faut ensuite rejoindre son domicile. Des bus locaux qui en temps normal sont plus ou moins synchronisés avec le RER, attendent l'usager devant la gare. Les retards répétés aboutissent généralement à ce que cette synchronisation soit inefficace.
Je fais partie des privilégiés qui n'ont que dix minutes de marche à pied pour regagner leur chez eux, mais d'autres naufragés habitent beaucoup trop loin pour se permettre cette petite balade à pied nocturne et dépendent entièrement du bus. A cette heure relativement tardive, il faut souvent qu'ils patientent une vingtaine de minutes voire plus en période de vacances scolaires.
Plaisirs de la banlieue !
Le trajet à pied peut s'avérer lui aussi très périlleux ! Prenons aujourd'hui de la sortie du rer au rond point : cohue en bas des escaliers causée par une naufragée souhaitant attraper le rer à quai (ne jamais aller dans le sens contraire d'une marée humaine, c'est impossible), porte du tourniquet gentiment non retenue, lenteur de certains piétons et poubelles mal placées, sortie du tabac, queue de la boulangerie, poussette à la sortie de la supérette, enfants à l'arrêt au milieu du trottoir, doublement par la chaussée, tentative déjouée d'écrasement et c'est déjà pas mal ! C'est toute une stratégie à adapter à chaque instant!
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RépondreSupprimerChère contributrice,
RépondreSupprimerla vie du naufragé ou de la naufragée du RER se poursuit effectivement bien au-delà du RER lui-même. Si vous me le permettez, je dirais que le RER A, microcosme (tout est relatif évidemment) est le reflet de notre société ou tout simplement, peut-être, de la vie.
Pleine d'écueils, de chausse-trappes, parfois aussi de satisfactions, cette vie nous oblige à louvoyer, à changer de cap, l'essentiel étant de ne pas perdre le Nord et de conserver précieusement sa boussole intérieure.