Je sais nous sommes le 29 mars mais je rattache mes péripéties de naufragé à la soirée du 28.
Heureusement cela commence par une émouvante et très belle soirée théâtrale. 20h30, la "dernière" des "Trois soeurs" d'Anton Tchekhov à la Comédie-Française. Annonce au lever de rideau par l'Administratrice saluant la mort d'une grande actrice deux jours avant, Hélène Surgère qui jouait Anfissa la vieille nourrice. Baisser de rideau, acclamations et standing ovation pour Michel Robin, merveilleux acteur qui jouait le rôle du vieillard Feraponte, et qui apparemment prend sa retraite du Français. Michel Robin admirable interprète au cinéma des films de Goretta notamment et sublime acteur de théâtre contemporain notamment dans "Attendant Godot" de Samuel Beckett. Il est 23h20.
Après le pur bonheur, la pure galère, tout se paye en ce bas monde. Ayant appris que le RER A connaissait des problèmes depuis le matin, nous décidons de prendre le train SNCF à la Gare saint-Lazare, que nous rejoignons par l'autobus 27.
A Saint-Lazare, un train est affiché pour Maisons-Laffitte dans le hall à 23h49, voie 7, Il arrive seulement à 23h50 et il est toujours affiché sur le quai pour cette destination lorsque nous montons dans le wagon.
10 minutes de retard mais nous sommes habitués et sans aucune annonce alarmiste, le train démarre et nous partons. Bécon-les-Bruyères, annonce du chauffeur, ce train se dirige vers Versailles et dessert Puteaux. Les voyageurs, certains du moins dont nous se regardent incrédules. Nous ne savions même pas qu'il était possible de gagner Versailles par ce tronçon. Nous hésitons, maintes fois de telles annonces erronées sont dispensées. De plus, à cette heure tardive nous nous disons que le chauffeur doit être endormi ou qu'il fait partie de ces alcooliques dont on a pas voulu dans la police ou à la poste et qui finissent à la SNCF. Des méfiants descendent à Bécon, d'autres comme nous ne pouvant y croire restent, aventuriers fous des transports en communs, nous osons le pari audacieux.
Mal nous en prend, le train ne passe pas par le chemin normal, dérive, brûle les arrêts coutumiers. L'angoisse s'installe, je commence à verdir, je ne suis pas le seul. Arriver à Versailles à plus d'une heure du matin, outre que je déteste cette ville, les "versaillais" ayant très mauvaise réputation dans ma famille, remontant à la Commune de 1871, où elle se scinda entre parisiens dont mon arrière-grand-mère et cousins versaillais, je ne vois pas comment nous pourrons repartir de là-bas pour Maisons-Laffitte. Arrêt miraculeux à Puteaux. Nous descendons et furieux je frappe à la porte du conducteur, je ne perds mon calme que très rarement. Il me soutient qu'il a fait une annonce à Bécon "oui" que je lui dis "mais vous auriez pu la faire à Saint-Lazare, quand nous sommes montés, la destination était Maisons-Laffitte", "Non" me rétorque-t-il ce qui est peut-être possible ayant déjà eu le tour qu'une destination soit changée après la montée dans le train sans que personne ne songe à informer les voyageurs . "Comment je fais maintenant" lui dis-je "Y-a-t-il une rame qui reparte vers la Défense", "Non" qu'il m'assène, "à la Défense c'est bloqué, il faut repartir sur Bécon". Pris d'un vertige j'ai l'impression de me trouver dans un sketch du défunt Raymon Devos, roi de l'absurde. "Putain" que je dis oubliant ma courtoisie naturelle.
Puteaux, 0h20, nous courons pour rattraper un tramway T2 pour la Porte de Versailles, mais sur le quai d'en face une femme de couleur mais néanmoins fort sympathique, compagnon de naufrage, nous fait signe que là où elle est un train arrive pour la Défense. Nous recourons sur les indications qu'elle obtient d'un agent SNCF de couleur, lui aussi serviable, à toute vitesse nous empruntons un souterrain pour remonter sur le bon quai à l'opposé et nous attrapons à la volée un train pour cette fameuse Défense où nous espérons trouver un RER A pour notre destination finale.
0h32, avant dernier RER A, arrivée à Maisons-Laffitte, 1h00 au domicile à 1h10 !
A la fin de la pièce de Tcheckhov, les trois sœurs n’ont plus que l’espoir qu’un jour, peut-être, « on saura pourquoi l’on vit, pourquoi l’on souffre. » Nous, naufragés des transports en commun, nous nous posons la même question "pourquoi souffrir un tel bordel l'avons-nous mérité".
Puteaux, 0h20, nous courons pour rattraper un tramway T2 pour la Porte de Versailles, mais sur le quai d'en face une femme de couleur mais néanmoins fort sympathique, compagnon de naufrage, nous fait signe que là où elle est un train arrive pour la Défense. Nous recourons sur les indications qu'elle obtient d'un agent SNCF de couleur, lui aussi serviable, à toute vitesse nous empruntons un souterrain pour remonter sur le bon quai à l'opposé et nous attrapons à la volée un train pour cette fameuse Défense où nous espérons trouver un RER A pour notre destination finale.
0h32, avant dernier RER A, arrivée à Maisons-Laffitte, 1h00 au domicile à 1h10 !
A la fin de la pièce de Tcheckhov, les trois sœurs n’ont plus que l’espoir qu’un jour, peut-être, « on saura pourquoi l’on vit, pourquoi l’on souffre. » Nous, naufragés des transports en commun, nous nous posons la même question "pourquoi souffrir un tel bordel l'avons-nous mérité".
Si je conclus ce message sur un "gros"mot c'est qu'en arrivant chez moi, je trouve un témoignage de l'un de nos membres qui manifestement a "craqué" ce matin et que je vous livre tout de suite.
En attendant, je vais rêver à Olga, Macha et Irina lorsque pour elles tout était encore possible notamment le bonheur.
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