Lu dans l'édition du journal Le Monde du 5 mars 2011.
"Menacée en Ile-de-France, la RATP accélère son implantation en région et à l’étranger
La Régie, qui perd son quasi-monopole francilien, récupère des lignes grâce à la fusion Veolia-Transdev
L’Ile-de-France ne constitue pas l’horizon indépassable de la RATP .Engagé avec précaution depuis le début des années 2000, le mouvement de provincialisation et d’internationalisation de l’opérateur parisien s’accélère sérieusement à la faveur de la fusion entre Veolia Transport et Transdev. Officialisée jeudi 3février, cette opération, qui donne naissance au numéro un mondial du transport urbain avec un chiffre d’affaires de 8,1 milliards d’euros, donne par ricochet une nouvelle dimension à la RATP. Actionnaire à hauteur de 25,6% de Transdev (détenu majoritairement par la Caisse des dépôts et consignations), la Régie autonome des transports parisiens, établissement public, se trouvait en position de force puisque ce mariage nécessitait son aval. En échange de son désengagement, elle a récupéré seize sociétés détenues par Veolia ou Transdev, en France comme à l’étranger. Et réalisé une plus-value d’environ 50millions d’euros. La RATP prend pied en Grande-Bretagne, à Londres (57 lignes de bus) et Bournemouth. En Italie, où elle était déjà présente, lui est dévolue l’exploitation de réseaux de bus et de métro à Gènes et en Vénétie. Elle met aussi la main sur des activités de transport en Suisse, à Genève. S’agissant de la France –où, hormis l’Ile-de-France, elle ne gérait guère que les transports à Annemasse (Haute-Savoie) et La Roche-sur-Yon –, la RATP hérite de réseaux à Bourges, Moulins, Vienne (Isère) et Vierzon (Cher) mais aussi en Auvergne, dans le Centre, en Champagne et en Rhône-Alpes.
Numéro cinq mondial
Ces acquêts, qui font de la RATP le cinquième opérateur mondial de transports urbains, représentent une activité de 335 millions d’euros, dont 280millions réalisés à l’international. De quoi tripler le chiffre d’affaires de RATP-Dev. Cette filiale, créée en 2002 pour assurer le développement de la Régie hors de son berceau francilien, réalisera 16,5%des revenus du groupe en 2011. L’objectif est d’en assurer 25%en 2015, soit un chiffre d’affaires de 1milliard d’euros. Pour la RATP, il s’agit de compenser la perte programmée de son quasi-monopole francilien. Conformément à la réglementation européenne, les futures lignes – dont celles prévues dans le cadre du projet du Grand Paris – seront attribuées au terme d’un appel d’offres. S’agissant du réseau actuel, la RATP a obtenu du gouvernement que les échéances soient repoussées le plus loin possible (2024 pour les bus, 2029 pour les tramways, 2039 pour le métro et le RER). Le message de Pierre Mongin, son président, est sans ambiguïté : «Nous avons besoin de nous développer à l’extérieur de notre périmètre d’origine.» Signe tout aussi net de ces ambitions extra-parisiennes, le groupe a annoncé, jeudi, quelques heures avant la confirmation de la fusion entre Veolia et Transdev, la signature d’un «partenariat pour la mobilité» avec la Fédération des maires des villes moyennes. Libérée des contraintes qui lui interdisaient de concurrencer son ancien allié, la RATP veut jouer les outsiders face au nouvel ensemble Veolia-Transdev et à Kéolis (groupe SNCF), qui pèsent chacun autour de 40% du marché français des transports urbains. Toutefois, c’est sur les marchés étrangers que se situent l’essentiel de ses marges de croissance. RATP-Dev est en lice sur de grands projets (Alger, Dubaï, Saint-Pétersbourg, Dublin) et compte décrocher des contrats de gestionnaire de réseaux, essentiellement dans les pays européens proches. La RATP mise sur ses compétences «intégrées» accumulées dans l’ingénierie, l’exploitation et la maintenance des réseaux ou la conception de nouveaux supports de paiement. En allant se frotter à la concurrence, elle espère aussi combler son manque d’expérience dans les relations contractuelles que les opérateurs nouent avec les collectivités locales. Il est vrai que, dans ce domaine, l’Ile-de-France constitue un cas sans équivalent en France comme à l’étranger.
Jean-Michel Normand"
Quelques commentaires du naufragé du RER A :
Que le lecteur ne se formalise pas du choix de le photographie illustrant ce message. Je n'assimile en aucune manière la RATP ou Monsieur Mongin, son président, au dictateur de Charlie Chaplin.
Cette photo illustre seulement dans mon esprit, le décalage entre les préoccupations du naufragé, petit point perdu sur la célèbre mappemonde et celles des dirigeants de cette entreprise qu'est la RATP.
Comme il a déjà été noté, nous sommes tous et à tout moment contraint à élaborer des stratégies pour vivre et survivre et il n'y a aucune raison pour qu'une société de la dimension de celle de la RATP échappe à cette nécessité.
Seulement, "derrière la glace du comptoir" au café du commerce, le naufragé accoudé au zinc se pose des questions ou du moins laisse vagabonder sa réflexion, une réflexion de "café du commerce".
Menacée en Ile de France par la concurrence imposée par l'Europe, la RATP (Régie Autonome des Transports Parisiens) lorgne vers les régions et l'étranger. Espérons que cette entreprise sache concilier ses visées de multinationale capitaliste avec une mission de service public qu'elle craint (?) de ne plus pouvoir exercer en perdant son monopole mais un monopole que l'Etat ne lui contestera pas avant 2039. Le temps de contribuer activement au Grand Paris ? En fait, comme pour beaucoup de naufragés, les coudes sur le bar, la RATP veut elle aussi le beurre et l'argent du beurre. Toutefois, il convient de remarquer que le naufragé en plus de sa consommation, paye son trajet transilien et qu'il aimerait bien que son transporteur ne le perde pas de vue sur la mappemonde. L'étranger c'est bien (cela permet sans doute de s'affranchir de règles contraignantes de concertation dans des pays qui n'y sont pas encore habitués et d'exciper d'un savoir-faire que l'on est incapable d'appliquer chez soi), mais Paris et l'Ile de France c'est tout de même mieux pour moi, se dit le consommateur à la bouche légèrement pâteuse quand il en est à sa troisième bière allemande.
Mais bien sûr comme le dit un chroniqueur de France Info "vous n'êtes pas obligé de me croire" !
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